Le milieu de la prostitution n'est plus aussi impénétrable qu'autrefois et peut même, le cas échéant, s'ouvrir à la recherche et lui prêter main forte. Des chercheurs du département de gynécologie et obstétrique de l'université thaïlandaise de Chulalong-Korn (Bangkok), souhaitaient vérifier in vivo les effets antiseptiques du composé spermicide nonoxynol-9 (N-9) qui, outre son effet contraceptif local, inhibe, entre autres, la prolifération des Chlamydiæ et des gonocoques. Comment éviter les biais liés à l'imprécision quant au nombre de partenaires et de rapports sexuels dans les études précédentes ? Les salons de massage, forme locale de prostitution mondialement connue, offraient les conditions adéquates pour comptabiliser ces données et réaliser une enquête précise. Ainsi, les 343 hôtesses de six massage parlors, indemnes de toute infection au début de l'étude, ont été, avec leur accord, réparties en deux groupes, les unes se voyant dotées de spermicide N-9, les autres d'un placebo, toutes devant utiliser par ailleurs des préservatifs.
Neuf semaines après, l'incidence des infections cervicales à Chlamydiæ et à gonocoques était inférieure de 25 % chez l'ensemble des femmes ayant "travaillé" sous couvert du spermicide, voire 40 % chez celles qui l'utilisait largement.
Ainsi, ce spermicide qui, in vitro, inhibe également le VIH, trouve t-il sa place dans la panoplie du safer sex, qui ne sera jamais trop complète dans le monde à très haut risque de la prostitution.
G. M.
Nuruthisard S. et coll. : "Use of nonoxynol-9 and reduction in rate of gonococcal and chlamydial cervical infections". Lancet, 1992 ; 339 : 1371-1375.
M G