MECONIUM : RAZZIA SUR LA CHNOUF

Afin d'estimer la prévalence de l'utilisation de la cocaïne pendant la grossesse, un dépistage systématique d'un métabolite de cette drogue, la benzoylecgonine, a été effectué au sein du méconium de nouveau-nés, dans le cadre d'une étude anonyme réalisée dans deux hôpitaux drainant une population de Nouvelle- Angleterre. Une association entre facteurs de risque maternels et
devenir périnatal a été établie. Au cours d'une période de deux mois, les premiers méconiums ont été testés chez 621 enfants nés dans les deux hôpitaux choisis.

Vingt et un échantillons ont été trouvés positifs, soit 3,4%, chez 3 femmes blanches (14,3%), 10 parturientes noires (47,6%) et 8 hispaniques (38,1%). Sur le plan culturel, une absence de fréquentation de la "high-school" était observée chez 57,2% de ces mères. La répartition par âge était la suivante : 2 dans la tranche 18-19 ans, 8 de 20-24 ans, 6 de 25-29 ans, 4 de 30-34 ans et 1 de 35-39 ans. La date de la première visite prénatale avait été plus tardive (16,1 semaines) chez les femmes utilisant de la cocaïne que chez les témoins (11,7 semaines) mais le nombre total de visites de surveillance était analogue. Parmi ces femmes, 95,2% avaient déjà subi des avortements.

Les complications pendant la grossesse ont été plus fréquentes que dans la population témoin : 5 accouchements avant 37 semaines, 3 cas de rupture prématurée des membranes, et 5 fois travail prématuré. Ces complications ont toutes été statistiquement plus fréquentes (p<0,02) que dans la population totale.

Des femmes à risque

Les femmes dont les nouveau-nés avaient des métabolites de la cocaïne dans le méconium présentaient toutes une incidence plus élevée d'antécédents de maladies sexuellement transmissibles (14% des Chlamydia, 14,3% une gonorrhée, 9,5% une syphilis, et 9,5% un VIH). Par ailleurs, les paramètres métriques (poids, taille, périmètre crânien) étaient plus faibles chez ces nouveau-nés, mais les facteurs raciaux tempèrent cette constatation : les bébés de mère noire ou hispanique sont en effet plus petits que les blancs.

Enfin il est intéressant de noter que l'impression du personnel infirmier sur l'utilisation éventuelle de drogues par leurs patientes est souvent fausse : sur les 21 femmes se droguant à la cocaïne, 9 n'ont pas été correctement identifiées et sur les 586 ne prenant pas de drogue, 42 avaient été cataloguées comme toxicomanes.

Ainsi cette étude souligne l'intérêt du dosage de ce métabolite dans le méconium. De nouvelles enquêtes devraient pouvoir prendre en considération les effets sur la croissance prénatale de l'exposition à la cocaïne, en tenant compte des biais raciaux.

L'évaluation de l'utilisation de drogue par les patientes est difficile. De nouvelles techniques de diagnostic, telle que celle évoquée ici, pourraient permettre d'éviter des erreurs de jugement souvent préjudiciables aux malades.

Nicole Triadou

Rosengren S.S. et coll. : "Meconium testing for cocaine metabolite : prevalence, perceptions and pitfalls". Am. J. Obstet. Gynecol., 1993 ; 168, 1449-1456.

TRIADOU NICOLE

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