Après cette période de campagne électorale, on peut se poser la question du choix, parfois irrationnel, du ou de la candidate. De nombreux éléments interviennent dans notre décision qui peut apparaître subjective pour un témoin extérieur. Toutefois, cette décision est en fait l’objet d’un traitement cognitif intégrant des informations visuelles ou auditives liées au programme politique, ou la personnalité du candidat. Notre mémoire sociale, le contexte émotionnel, notre sens du jugement social et les attentes de nos systèmes de récompense vont aussi intervenir dans la décision finale. Il est d’ailleurs heureux pour nous de penser que notre choix va impliquer l’ensemble de notre encéphale et n’est pas la conséquence d’une activité réflexe ou d’une modification hormonale !
Les candidats prennent soin de leur image et de leur expression faciale car ils savent le poids de l’image sur l’opinion. Mais savent-ils à quelle partie du cerveau de leurs électeurs, ils s’adressent pour tenter de les « stimuler » dans le bon sens ? Les neuropsychologues ont identifié plusieurs circuits impliqués dans la reconnaissance d’une expression faciale. (amygdale, gyrus fusiforme…). Cependant, il existe encore un certain nombre de controverses dans ce domaine car les données sont basées essentiellement sur des études effectuées chez des patients cérébrolésés.
Dans ce cadre, l’équipe de Rennes a testé les modifications de la capacité des patients parkinsoniens à détecter les émotions sur des visages à la suite de la stimulation du noyau sous-thalamique. L’apathie est un des principaux effets indésirables de la chirurgie. Avant et 3 mois après la chirurgie, 18 patients ont bénéficié d’une évaluation de l’apathie et de la reconnaissance de plusieurs genres d’expression faciale (peur, joie, tristesse). Il a ainsi été montré que ces patients n’étaient pas capables d’identifier l’expression de peur (54,4 % +/- 18,8 vs 41,96 % +/- 22,8 ; p = 0,049) et de tristesse (73,78 % +/- 25,75 vs 55,85 % +/-19,9 ; p = 0,007).
Les auteurs concluent que l’apathie et la reconnaissance de l’expression faciale de peur semblent corrélés, ce qui suggère une implication commune de la partie « limbique » ventral du noyau sous thalamique.
Dr Christian Geny