Microbiome et maladies inflammatoires: une piste prometteuse

Comme l’a rappelé Dirk Elewaut (Université de Gand [UGent]), chaque site barrière de notre organisme est colonisé par une flore très diverse et spécifique, avec des interactions microbiote-pathogène différentes également.

Au niveau intestinal, ces interactions peuvent être positives, via la fermentation, productrice d'acétate et de propionate, mais aussi de butyrate qui améliore la barrière et le système immunitaire, ou via la stimulation du système immunitaire. Elles peuvent aussi être négatives, lorsque les pathogènes sont sources de toxines, d'inflammation ou de diarrhée, ou encore lorsqu'ils interfèrent avec la fonction neuroendocrinienne. Et d'évoquer les relations suspectées avec le syndrome de fatigue chronique, la sclérose en plaques, l'Alzheimer ou l'autisme, pour ne citer qu'eux.

L'exemple de la spondylarthrite

Dans la spondylarthrite, la relation est évidente, avec 50% d'inflammation intestinale à l'histologie, dont 6% évoluent en une maladie de Crohn après cinq ans, voire 20% en cas d'inflammation chronique. Cette relation se retrouve indépendamment du sous-type, elle est corrélée à l'étendue de la maladie, et tend à la rémission en cas de disparition de l'inflammation articulaire. Enfin, la présence d'une inflammation intestinale est associée à un besoin accéléré en biologiques.

L'hypothèse principale, pour la pathogenèse des maladies inflammatoires de l'intestin, étant une dysrégulation de la réponse immunitaire à des bactéries commensales chez un hôte génétiquement prédisposé, il est dès lors logique de s'intéresser au rôle du microbiote dans la spondylarthrite.

C'est ce qu'ont fait une série d'équipes, à la lueur d'études histologiques et de travaux chez l'animal notamment. Leurs conclusions sont que des lignées de cellules T régulatrices répondant au microbiote sont engagées dans la spondylarthrite, notamment des cellules iNKT et T-regs.

Plusieurs voies

Peut-on dès lors agir sur ce microbiote ? Plusieurs pistes sont à l'étude. La première est celle des producteurs de butyrate comme futurs probiotiques, publiée par l'université de Gand dans GUT en 2013 (Eeckhaut et coll). La seconde est la restauration de l'écosystème. Celle-ci peut passer par la transplantation fécale, qui pose toutefois des problèmes de caractérisation, de risque infectieux et d'acceptation par le patient. Mais elle pourrait aussi passer par des mixtures synthétiques, qui ont montré leur efficacité contre C. difficile ou d'autres espèces, mais restent une approche complexe et sensible aux agressions des voies digestives supérieures.

Malgré ces difficultés, pour Dirk Elewaut, la piste est prometteuse, et la modification du microbiote émerge aujourd'hui comme une stratégie envisageable dans le traitement des maladies inflammatoires.

Dr Eric Mertens

Référence
20th Belgian Congress on Rheumatology (Gosselies, Bruxelles) : 28 – 30 septembre 2016.

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