Migraine chez l'adolescent: ne pas la sous-estimer...

La migraine des adolescents n'est pas exceptionnelle. Elle toucherait 10% des filles et 5% des garçons âgés de 15 à 25 ans. Le problème est qu'elle est fréquemment sous-estimée alors qu'elle peut gravement handicaper l'adolescent avec un impact sur les résultats scolaires et son développement physique. Comment la reconnaître et ne pas confondre réalité et excuse pour sécher le cours …

La migraine est un trouble invalidant fréquent chez les enfants (moins de 12 ans) et les adolescents (de 12 à 17 ans). Les principaux symptômes rapportés au cours d'une crise sont des maux de tête, des nausées, des vomissements, une phonophobie et une photophobie. Avant 12 ans, les garçons sont plus souvent touchés, mais ensuite le rapport garçons/filles rejoint celui de l'adulte, avec 1 à 2 garçons pour 3 filles. Le tableau clinique diffère de celui de l'adulte avec des crises de plus courte durée, des douleurs bilatérales et des troubles digestifs.

Les traitements les plus courants sont le paracétamol, l'ibuprofène et autres anti-inflammatoires et les triptans avec le sumatriptan parfois associé au naproxène.

Des symptômes prémonitoires

Les crises de migraine sont habituellement précédées de syndromes prodromaux prémonitoires tels qu'une douleur unilatérale pulsatile, des nausées, des vomissements, une photophobie, une phonophobie ou une osmophobie. Ces symptômes précèdent une attaque de 2 à 48 heures dans les migraines avec aura, et avant le début de la douleur dans les migraines sans aura. Chez les enfants et les adolescents, il semble que ces symptômes prémonitoires soient présents. Une étude incluant 100 enfants et adolescents d'âge compris entre 18 mois et 18 ans (65% de filles) a montré parmi les symptômes prémonitoires les plus communs, la fatigue (62%), les changements d'humeur (55%), les baillements (30%), des difficultés de concentration (33%) et des raideurs de la nuque (16%). Dans près d'un tiers des cas, ces symptômes épisodiques chez l'enfant sont associés à des coliques.

Céphalées de tension chez l'adolescent

Les médicaments psychotropes ne peuvent être facilement utilisés chez le patient pédiatrique avec des céphalées de tension en raison des effets secondaires. Par contre une approche non pharmacologique permet une gestion du stress (relaxation, sophrologie, hypnose, thérapies cognitivo-comportementales) et peut donner de bons résultats. Dans cette étude (1) incluant 137 adolescents âgés de 13 à 18 ans qui présentent des céphalées de tension épisodiques ou chroniques, on observe dans le groupe sous thérapie non pharmacologique, une diminution plus prononcée de l'intensité des céphalées, de l'anxiété et de la dépression, mais aussi une amélioration de la qualité de vie, une réduction des dysrythmies et des désorganisations à l'EEG. A 6 mois, on note également une diminution persistante de l'intensité des douleurs ainsi qu'une absence complète d'épisodes de céphalée et de symptômes associés. L'indice de variabilité du pouls permet aussi de se faire une idée de l'efficacité. En finale, l'efficacité d'une thérapie non pharmacologique est comparable à celle d'une thérapie pharmacologique chez les adolescents avec des formes épisodiques de céphalées de tension mais l'attitude la plus rationnelle pour ces patients reste aujourd'hui l'association des 2 approches, la pharmacologique et la non pharmacologique.

Dr Claude Biéva

Références
1.Stepanchenko K, et al. MTIS 2018

17th Migraine Trust International Symposium (MTIS) (Londres) : 6 au 9 septembre 2018.

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Vos réactions (1)

  • Des précisions sur les migraines de l'enfant

    Le 17 octobre 2018

    Je ne comprends pas votre analyse de l'article de Stepanchenko lorsque vous écrivez, je vous cite "les crises migraineuses sont habituellement précédées de syndromes prodromaux prémonitoires tels qu'une douleur unilatérale pulsatile,des nausées, des vomissements, une photophobie ou une osmophobie" vous décrivez là une migraine typique sans aura et non pas un syndrome prémonitoire, pourquoi écrit-on ensuite que ces symptômes précèdent de 2 à 48 heures une migraine avec aura, que ce soit chez l'enfant, l'adolescent ou l'adulte, il existe des migraines épisodiques sans aura, des migraines avec aura, soit l'une soit l'autre et non pas les deux types de migraine à la suite. Voyez la dernière classification de 2013 de l'International Headache Society (IHS) cephalalgia 2013 33:629-808 et vous verrez qu'il s'agit de deux entités bien distinctes.
    Pour revenir à la sous-estimation des migraines de l'enfant et de l'adolescent, il semble s'agir d'un mal français, l'étude de Bille "Migraine in school children Acta Paediatr Scand 1962;51 (suppl 136):1-151 portait sur 8993 enfants suédois avec un taux de céphalées de tous types de 58.7% entre 7 et 14 ans (les enfants de 6 ans et moins n'ont pas été compris et pourtant ils peuvent être migraineux) et le taux de migraines était de 2.5% chez les garçons et 2.4% chez les filles entre 7 et 9 ans, proportion montant à 4% des adolescents et 6.4% des adolescentes entre 13 et 15 ans. Après 12 ans la proposition s'inverse logiquement du fait de la puberté féminine.
    Une enquête parisienne concernant 1810 enfants d'âge scolaire "Tournière et al Épidémiologie de la migraine chez l'enfant âgé de 5 à 12 ans scolarisé à Paris 7ème journée UNESCO 13 décembre 1999" concluait déjà, il y a bientôt 20 ans que la migraine de l'enfant était sous-diagnostiquée, il en allait bien sûr de même pour l'adolescent.
    pour revenir aux syndromes prémonitoires dans le monde pédiatrique, il faut considérer les états prémonitoires tels que le somnambulisme voir Barlow "Headaches and migraines in childhood. London: Mac Keith Press 2004" qui considère le somnambulisme comme critère mineur de migraine puisqu'on le retrouve chez plus de 30% d'enfants migraineux contre 3 à 5 % des enfants en général, ainsi que le mal des transports, la moitié des enfants migraineux l'éprouvent contre 5 à 7 % de la population pédiatrique.
    Les syndromes épisodiques tels que le vertige paroxystique bénin, le torticolis paroxystique bénin, les vomissements cycliques, (retenus dans la classification), les coliques du nourrisson voir Gelfand "Infant colic a baby migraine? Cephalalgia 2015 Mar 2" peuvent être considérés eux comme possiblement prémonitoires d'une migraine à venir.
    Le tableau de la migraine de l'enfant et de l' adolescent peut être trompeur ainsi la migraine abdominale, la migraine du tronc cérébral,la migraine confusionnelle, le syndrome d'Alice au Pays des merveilles constituent souvent des pièges diagnostiques.

    Un critère migraineux pédiatrique est complètement passé sous silence dans les livres ou la classification de 2013, il s'agit du sommeil réparateur de l'enfant qui rentrant de l'école avec son mal de tête va directement dans sa chambre se coucher Ceci constitue un critère important de diagnostic de migraine, et pourtant il est absent de des critères de la classification de 2013.

    Dr Hervé Isnard

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