Des symptômes prémonitoires
Céphalées de tension chez l'adolescent
Dr Claude Biéva
Dr Claude Biéva
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Je ne comprends pas votre analyse de l'article de Stepanchenko lorsque vous écrivez, je vous cite "les crises migraineuses sont habituellement précédées de syndromes prodromaux prémonitoires tels qu'une douleur unilatérale pulsatile,des nausées, des vomissements, une photophobie ou une osmophobie" vous décrivez là une migraine typique sans aura et non pas un syndrome prémonitoire, pourquoi écrit-on ensuite que ces symptômes précèdent de 2 à 48 heures une migraine avec aura, que ce soit chez l'enfant, l'adolescent ou l'adulte, il existe des migraines épisodiques sans aura, des migraines avec aura, soit l'une soit l'autre et non pas les deux types de migraine à la suite. Voyez la dernière classification de 2013 de l'International Headache Society (IHS) cephalalgia 2013 33:629-808 et vous verrez qu'il s'agit de deux entités bien distinctes.
Pour revenir à la sous-estimation des migraines de l'enfant et de l'adolescent, il semble s'agir d'un mal français, l'étude de Bille "Migraine in school children Acta Paediatr Scand 1962;51 (suppl 136):1-151 portait sur 8993 enfants suédois avec un taux de céphalées de tous types de 58.7% entre 7 et 14 ans (les enfants de 6 ans et moins n'ont pas été compris et pourtant ils peuvent être migraineux) et le taux de migraines était de 2.5% chez les garçons et 2.4% chez les filles entre 7 et 9 ans, proportion montant à 4% des adolescents et 6.4% des adolescentes entre 13 et 15 ans. Après 12 ans la proposition s'inverse logiquement du fait de la puberté féminine.
Une enquête parisienne concernant 1810 enfants d'âge scolaire "Tournière et al Épidémiologie de la migraine chez l'enfant âgé de 5 à 12 ans scolarisé à Paris 7ème journée UNESCO 13 décembre 1999" concluait déjà, il y a bientôt 20 ans que la migraine de l'enfant était sous-diagnostiquée, il en allait bien sûr de même pour l'adolescent.
pour revenir aux syndromes prémonitoires dans le monde pédiatrique, il faut considérer les états prémonitoires tels que le somnambulisme voir Barlow "Headaches and migraines in childhood. London: Mac Keith Press 2004" qui considère le somnambulisme comme critère mineur de migraine puisqu'on le retrouve chez plus de 30% d'enfants migraineux contre 3 à 5 % des enfants en général, ainsi que le mal des transports, la moitié des enfants migraineux l'éprouvent contre 5 à 7 % de la population pédiatrique.
Les syndromes épisodiques tels que le vertige paroxystique bénin, le torticolis paroxystique bénin, les vomissements cycliques, (retenus dans la classification), les coliques du nourrisson voir Gelfand "Infant colic a baby migraine? Cephalalgia 2015 Mar 2" peuvent être considérés eux comme possiblement prémonitoires d'une migraine à venir.
Le tableau de la migraine de l'enfant et de l' adolescent peut être trompeur ainsi la migraine abdominale, la migraine du tronc cérébral,la migraine confusionnelle, le syndrome d'Alice au Pays des merveilles constituent souvent des pièges diagnostiques.
Un critère migraineux pédiatrique est complètement passé sous silence dans les livres ou la classification de 2013, il s'agit du sommeil réparateur de l'enfant qui rentrant de l'école avec son mal de tête va directement dans sa chambre se coucher Ceci constitue un critère important de diagnostic de migraine, et pourtant il est absent de des critères de la classification de 2013.
Dr Hervé Isnard