Moi ? Fou… Epsykoi ?

Marseille, le samedi 20 janvier 2017 – La représentation des pathologies mentales est entachée de préjugés dans la population générale… Et parfois aussi chez les médecins. Associées à des images négatives (les déprimés sont faibles, les schizophrènes dangereux…), les troubles mentaux sont surtout largement mal connus. Ces préjugés ont pour effet de limiter l’accès des patients (et des jeunes en particulier) aux professionnels de santé. Le fait d’aller voir un psychiatre, ou même tout simplement d’aborder ses problèmes comme une maladie qu’il faudrait prendre en charge est loin d’être facile pour les plus jeunes. Or, on sait que les pathologies psychiatriques chroniques démarrent généralement entre 15 et 25 ans, et que l’on craint par-dessus tout le risque de suicide dans cette population. 

Un objectif : lutter contre les préjugés

Depuis le 10 janvier 2018, une plateforme (ou plutôt un "web documentaire") appelée "Epsykoi", principalement destinée aux adolescents et jeunes adultes, s’est donné pour objectif d’aborder directement la question des troubles psychiques. Le ton est décalé et même pour certains extraits, carrément humoristique, mais le propos est précis, concret, et intelligent. Bref, on peut saluer la grande qualité du site, qui jouit, aussi bien dans sa page d’accueil et son organisation que dans ses divers contenus d’aspects très graphiques, voire esthétiques grâce à la participation à la mise en image de professionnels de l’audiovisuel. La plateforme explore différents support : l’écrit, les infographies, les interviews et témoignages, et les vidéos d’explication.  

Pour lutter contre les préjugés, le site laisse la parole aux patients eux-mêmes à travers des témoignages mettant en avant la possibilité de trouver une solution aux troubles psychiques, en particulier grâce à l’aide que peuvent apporter les professionnels de santé. Les traitements sont également abordés, et on notera le choix (que certains déploreront) de surtout mettre en avant les thérapies cognitives et comportementales, sans aborder les thérapies d’inspiration analytique. Les soins sont présentés, peut-être, de façon un peu trop enjouée. Ils apparaissent comme rapides, efficaces… Et surtout faciles d’accès, ce qui est malheureusement loin d’être le cas sur l’ensemble du territoire (et c’est particulièrement vrai pour la TCC !)… Mais on comprend bien entendu le parti pris des auteurs.

Ayant pour objectif la déstigmatisation et la facilitation de l’accès aux soins, le site parle assez peu de pathologie, mais va plutôt utiliser le symptôme comme point d’entrée, et retient quatre grands thèmes : la « déprime », « l’angoisse », le « sentiment de persécution » et « l’addiction ». On peut également consulter deux témoignages de personnes suivies pour un trouble psychiatrique (un trouble bipolaire et une schizophrénie) afin d’aborder le début des troubles, les soins psychiatriques et la maladie chronique. Les proches de patients ne sont pas oubliés, avec plusieurs témoignages disponibles. Enfin, dans chaque thématique, un psychiatre exprime son avis et aborde les aspects médicaux.

Un webdocumentaire à recommander, et un exemple à suivre

Le projet est né de l’initiative personnelle de trois psychologues affiliés à l’assistance publique des Hôpitaux de Marseille, et soutenus par la fondation FondaMental. On peut espérer qu’une campagne d’envergure nationale s’approprie ces thèmes si important et s’inspirent de cette nouvelle plateforme afin de faire passer le message au plus grand nombre. En attendant, il ne faut pas hésiter à recommander ce site aux jeunes patients qui hésiteraient à consulter un professionnel de santé, ou qui simplement voudraient en savoir plus sur leurs difficultés.

Lien : http://www.epsykoi.com/

Dr William Hayward

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