Mucoviscidose : les avancées de la recherche

La mucoviscidose est une maladie génétique et héréditaire due à des mutations du gène CFTR (Cystic fibrosis Transmembrane conductance regulator) avec atteinte de la protéine qui est, selon les cas, absente de la membrane cellulaire (mutations de classe 1 ou 2) ou présente sur la membrane mais non fonctionnelle (mutation de classe 3). En France, un nouveau-né sur 4 500 est concerné par la mucoviscidose et environ 6 600 personnes seraient touchées par cette maladie. D’énormes progrès ont été réalisés dans la prise en charge de la mucoviscidose au cours de ces dernières décennies et, pour la première fois en 2013, le registre français de la mucoviscidose a dénombré plus d’adultes touchés (50,6 %)  que d’enfants. L’espérance de vie est désormais de près de 45 ans versus 29 ans en 1992 et 7 ans en 1965. Ces avancées ont été possibles grâce à l’amélioration des traitements symptomatiques : antibiotiques, fluidifiants, kinésithérapie respiratoire, ventilation non invasive (VNI) transitoire en cas d’exacerbations, d’épisode de dé saturation du sang en oxygène notamment. Brigitte Fauroux (Hôpital Necker, Paris) a insisté sur l’intérêt de la VNI : « tous les patients devraient bénéficier tôt dans l’évolution de la maladie, d’une exploration du sommeil et se voir prescrire une VNI si nécessaire ».

Traiter la protéine

Les essais de thérapies géniques n’ont pas donné de résultats vraiment probants. En revanche, un laboratoire américain est parvenu à développer récemment un médicament permettant de rendre fonctionnelle la protéine CFTR (mutation de la classe 3) : l’ivacaftor (Kalydeco®). Comme l’a souligné Harriet Corvol (Hôpital Trousseau, Paris) : « le coût de cette molécule est très élevé mais certains patients s’améliorent de façon extraordinaire ! ». On considère que ce médicament pourrait concerner environ 2 500 patients dans le monde.

Par ailleurs, un autre traitement, autorisé aux Etats-Unis depuis juillet 2015, et ayant reçu une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte en France le 30 octobre 2015, est également désormais à disposition des praticiens. Il s‘agit de l’Orkambi®. Il cible la plus fréquente mutation de la classe 2 (delta F508) et comporte deux principes actifs : le lumacaptor (qui évite que la protéine ne se dégrade dans la cellule et permet son  transport jusqu’à la membrane) et l’ivacaftor (qui active la protéine). Les résultats sont moins impressionnants qu’avec l’ivacaftor dans les mutations de classe 3 « Mais la fonction respiratoire des patients est tout de même améliorée et surtout les exacerbations respiratoires sont nettement diminuées » a précisé Harriet Corvol. Le premier patient vient d’être ainsi traité début janvier 2016 à Trousseau. Ce nouveau médicament pourrait bénéficier à plus de 30 000 patients dans le monde.

Enfin, pour les mutations de la classe 1, une troisième thérapie protéique est en cours de développement : l’ataluren (Translarna®). Une étude très récente a toutefois montré des bénéfices assez modérés sur la fonction respiratoire. Ce médicament a déjà reçu une AMM dans la myopathie de Duchenne, une maladie causée par une mutation de même type sur un gène différent. Pour Harriet Corvol : nous en sommes vraiment au tout début de ces thérapies, sans pouvoir encore traiter tous les patients ni guérir la maladie. Mais les choses ont énormément bougé en 5 ans seulement et  les progrès sont énormes !.

Dr Isabelle Birden

Référence
Fauroux B et Corvol H : Mucoviscidose : des symptômes à la cause. Le traitement de la mucoviscidose en pleine métamorphose. Dossier de presse. XXème congrès de Pneumologie de Langue Française (Lille) : 29-31 janvier 2016.

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