La musique a le pouvoir d’induire des émotions très fortes. Mais par quels processus neuronaux une mélodie peut-elle ainsi stimuler nos émotions ? La connaissance des bases neurales des émotions musicales reste limitée. Les oreilles captent les mouvements de molécules d'air créés par l'instrument de musique ou les baffles du haut-parleur, puis les transforment en influx nerveux. Ensuite, des réseaux distincts du système nerveux central de l'organisme réagissent à l'écoute musicale et au style de musique.
Séverine Samson collabore avec le laboratoire CNRS de neurosciences cognitives et imagerie cérébrale, pour préciser les fondements neurobiologiques des émotions musicales qu’elle étudie avec une approche intégrative sur le modèle de l’épilepsie du lobe temporal. Elle observe des patients épileptiques ayant subi une ablation de certaines zones cérébrales pour le traitement de leurs crises. Avec une équipe de Montréal, ils ont conduit plusieurs études sur la peur induite musicalement et les sensations désagréables induites par les dissonances.
Il en ressort que « L'amygdale et principalement le noyau basolatéral de l’amygdale est essentiel à la perception de la peur induite par l'écoute musicale, et une lésion d'une seule amygdale entraîne un fort déficit dans le traitement de ce stimulus. Lorsqu'il s'agit de juger des dissonances désagréables dans l'harmonie d'un morceau, ce sont là des structures proches de l'hippocampe qui jouent un rôle déterminant. »
Ces données suggèrent que l’amygdale, quelque soit la latéralisation, est essentielle pour évaluer l’intensité de la peur et qu’il existerait un lien entre la perception d’une menace et le degré d’anxiété. Le caractère non verbal et émotionnel de la musique offre des perspectives innovantes pour explorer le substrat cérébral des émotions et permet de développer des outils à visée double à la fois diagnostique et thérapeutique.
Dr Laurence Hugonot-Diener