Myélodysplasie : le déférasirox en pratique

« Le fer est un ennemi silencieux et sournois pour le patient présentant un SMD de faible risque dépendant des transfusions. Et, la surcharge en fer est une maladie chronique qui nécessite un traitement au long cours et pose un problème d’observance, inhérent à toute prise prolongée de médicament » a souligné A. Gueci-Bresler (Nancy). « Pour être efficace, le traitement chélateur doit être bien dosé, correctement pris et bien appréhendé par le patient et son entourage. »

Il est important de bien cibler les patients pouvant tirer le meilleur bénéfice d’un traitement chélateur en se basant sur les facteurs pronostiques, les comorbidités et en prenant en compte les traitements associés. Le traitement chélateur doit être proposé dès que la ferritinemie est ≥1000-1500 ng/ml. La posologie initiale est à adapter à l’objectif thérapeutique et au rythme transfusionnel. Il est recommandé de débuter à petites doses et de réajuster le traitement dès les 3 premiers mois. Les comprimés doivent être bien mélangés et pris éventuellement avec un jus de pomme ou d’orange pour en atténuer le goût. A noter qu’il faut se méfier des risques de « surchélation » chez les patients recevant de forte dose de DFX et présentant un faible apport transfusionnel ou une faible surcharge en fer.

Anticiper les effets secondaires

Les patients doivent être informés des effets secondaires du DFX qui sont principalement gastro-intestinaux, cutanés et rénaux. Ces effets indésirables sont le plus souvent dose-dépendants et s’atténuent généralement avec la poursuite du traitement au long cours. Afin d’anticiper les effets secondaires gastro-intestinaux (diarrhée), le médecin peut prescrire par exemple un traitement symptomatique « à prendre si besoin ».

Sur le plan digestif
En cas de douleurs abdominales, il est conseillé de rester à jeun 1 h après la prise, d’éviter les médicaments tels que les AINS et de décaler la prise le soir (2 h après le repas par exemple).
Pour les diarrhées/vomissements, un traitement symptomatique d’emblée est le plus souvent rapidement efficace. En cas de persistance des troubles, la posologie de DFX peut être diminuée et reprise par palier progressif.

Sur le plan cutané
En cas d’éruption cutanée « peu sévère », le traitement est poursuivi à la même posologie. Si le rash est grave, il faut arrêter le traitement et le réintroduire à dose très progressive (associée à de petites doses de corticoïdes si besoin). L’arrêt est définitif en cas de réaction d’hypersensibilité associée.

Sur le plan rénal
Une augmentation de la créatininémie dose-dépendante survient souvent en début du traitement. Si l’élévation est stable, le DFX peut être poursuivi à la même dose. Aucun cas d’insuffisance rénale progressive n’a été rapporté.
La créatininémie et la clairance de la créatinine doivent être surveillées régulièrement et il faut éviter les associations avec des médicaments néphro-toxiques (diurétiques, AINS…).

Sur le plan hépatique
La survenue d’une cytolyse hépatique est rare. Elle survient plutôt lors du premier mois de traitement (mais parfois plus tardivement) et doit être interprétée en fonction des paramètres initiaux. S’il existe une élévation progressive et persistante des enzymes hépatiques, le traitement est arrêté et repris à doses progressives.   

Maintenir le rythme de surveillance

La ferritinémie doit être surveillée tous les 3 mois. « Il faut éviter de contrôler de façon répétée ce marqueur biologique » insiste A. Guerci-Bresler. Et, avant de modifier la posologie du traitement, il faut toujours effectuer deux dosages de ferritine car la ferritinémie peut varier en dehors de tout traitement spécifique.

Améliorer l’observance au quotidien

A. Guerci-Bresler a terminé sa présentation en insistant sur l’importance « de garder le cap au quotidien » et de moduler la prise du traitement (décalage de prise par exemple) dans certaines circonstances particulières si besoin.

Dr Laurence Houdouin

Référence
Guerci-Bresler A : Les patients ayant un syndrome myélodysplasique : place de la chélation et optimisation du suivi thérapeutique. Congrès de la Société Française d’Hématologie (Paris) : 19-21 mars 2009.

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