Le risque d’asthme est augmenté de 50 % chez l’obèse. La maladie apparaît alors comme étant d’une part plus sévère avec un plus grand nombre d’hospitalisation et d’autre part comme moins sensible aux traitements corticoïdes avec une consommation plus importante de ces médicaments. Les raisons de cette morbidité plus importante ne sont pas élucidées et de nombreuses pistes sont explorées. Parmi elles, l’inflammation des voies aériennes a été soulevée puisqu’une inflammation plus importante est observée chez l’obèse via la synthèse accrue de médiateurs inflammatoires par le tissu adipeux. L’obésité pourrait également jouer un rôle sur le remodelage des voies aériennes lié à l’asthme. Pour répondre à ces interrogations, le remodelage des voies aériennes a été mesuré par morphométrie couplée à l’analyse d’images. Ont ainsi été mesurés, l’épaisseur de la membrane basale, la surface de muscle lisse bronchique, le nombre de sections vasculaires. L’importance de l’infiltrat inflammatoire bronchique a, quant à lui, été mesuré sur des biopsies bronchiques : nombre de macrophages, de lymphocytes, d’éosinophiles, de neutrophiles et de mastocytes.
Onze patients obèses asthmatiques sévères ont été comparés à 23 patients asthmatiques sévères non obèses. Les résultats montrent que le nombre de vaisseaux bronchiques est significativement plus faible chez les asthmatiques obèses (p=0,03) que chez les non obèses. Il n’existe pas de différence entre obèses et non obèses pour l’épaisseur de la membrane basale et la surface de muscle lisse. Chez les obèses, l’infiltrat éosinophile et mastocytaire est significativement diminué (p<0,05). Une forte corrélation est observée entre le nombre de mastocytes présents dans la muqueuse bronchique et le nombre de vaisseaux.
Au total, l’angiogenèse est diminuée chez les patients asthmatiques obèses, ainsi que l’infiltration éosinophile et mastocytaire. Les auteurs concluent que ces résultats infirment l’hypothèse selon laquelle la sévérité accrue de l’asthme chez l’obèse serait liée à une augmentation de l’inflammation bronchique.
Dr Emmanuel Cuzin