
Victoria (Colombie-Britannique), le samedi 8 février 2014 – Beaucoup se souviennent sans doute du cas déchirant de Marline Munoz, cette américaine de 33 ans, probablement victime d’une embolie pulmonaire, que l’hôpital John Peter Smith de Fort Worth refusait de « débrancher » car elle était enceinte de 14 semaines et que la loi du Texas interdit formellement « d’arrêter ou de suspendre un traitement de maintien en vie sur une patiente enceinte ». Finalement, la semaine dernière, après la réalisation de nouveaux examens mettant en évidence les graves répercussions sur la croissance du fœtus de l’accident de la mère, la justice texane a autorisé que les traitements qui la maintenaient en vie soient interrompus.
Des situations complexes
Cette histoire avait soulevé une importante émotion dans toute l’Amérique et suscité des débats passionnés dans le monde entier. Certains spécialistes de ces questions éthiques avaient tenu à rappeler que si dans le cas de Marline Munoz la famille refusait d’attendre la fin de la grossesse de leur proche (en se basant sur le refus exprimé par cette dernière d’être réanimée si un tel accident survenait), dans beaucoup d’autres cas du même type les décisions sont autres. « La question ne peut se résumer à une réponse simple puisque chaque situation est bien différente. (…) Puisque ces situations sont complexes, ce travail de délibération est notamment réalisé en réanimation adulte avec les équipes des centres éthiques des centres hospitaliers, avec les équipes de maternité, les néonatologistes, les réanimateurs pédiatres, les équipes ressources de soins palliatifs adultes et pédiatriques en plaçant bien sûr la femme, son enfant à naître et son père au centre du débat et de la décision » avait observé le professeur De Broca sur le site du Nouvel Observateur.
Générosité inattendue
Aujourd’hui, un nouveau drame vient illustrer la complexité de ces situations évoquées par le professeur De Broca. Le 28 décembre, la vie heureuse de Dylan Benson, un canadien de 32 ans, a basculé. Alors qu’il était allé acheter un médicament pour sa femme enceinte de 22 semaines se plaignant de maux de tête : il l’a retrouvé inanimée sur le sol de sa salle de bains. Robyn Benson, 32 ans, avait été victime d’une hémorragie cérébrale. Son époux choisit alors, comme les médecins le lui proposent, d’autoriser le maintien en vie de sa femme jusqu’à la trente-quatrième semaine de grossesse (dans le meilleur des cas), afin qu’une césarienne puisse donner naissance à leur enfant. Depuis, Dylan Benson évoque régulièrement sur son blog les contrôles réguliers réalisés destinés à vérifier la bonne évolution de son futur fils, déjà prénommé Iver. Conscient qu’il pourrait naître prématurément, soucieux d’être auprès de son épouse jusqu’au moment de la délivrance et souhaitant apporter à leur enfant une attention soutenue, Dylan Benson a décidé d’arrêter de travailler dans les mois à venir. Pour financer cette décision, il a lancé une souscription sur internet. L’émotion suscitée par son histoire douloureuse relayée par de nombreux médias canadiens a permis un succès inespéré pour cet appel aux dons qui ce jeudi 6 février à 17h30 atteignait déjà 132 217 dollars canadiens (plus de 87 000 euros), soit bien plus que les 36 000 espérés.
Aurélie Haroche