Os et diabète : un lien très probable

L’incidence du diabète et celle de l’ostéoporose sont en constante augmentation, sous l’influence commune de l’allongement de l’espérance de vie et d’un mode de vie de plus en plus répandu associant une faible activité physique et un régime alimentaire hautement énergétique. L’existence d’un lien entre les deux pathologies apparaît de plus en plus probable.

Les patients diabétiques présentent des troubles osseux variés : ostéopénie ou ostéoporose fréquentes, arthropathie de Charcot, pied diabétique. En théorie, les anomalies minérales et osseuses constatées chez le diabétique pourraient être dues à un effet direct du déficit en insuline et de l’hyperglycémie sur le tissu osseux, à l’accumulation des produits terminaux de la glycation avancée des protéines de la matrice osseuse et/ou à une production anormale de cytokines et d’adipokine dont l’effet sur les cellules osseuses est délétère, mais les mécanismes physiopathologiques restent à préciser.

En revanche, il est maintenant établi que le diabète constitue un facteur de risque de fractures ostéoporotiques. Ce risque est particulièrement net dans le diabète de type 1 comme en témoigne une étude de cohorte de 32 089 femmes ménopausées menée dans l’Iowa qui a révélé que les femmes diabétiques de type 1 couraient un risque de fracture de hanche 12 fois plus élevé que les femmes non diabétiques. Chez les sujets jeunes, les troubles de la formation osseuse peuvent s’expliquer par le manque des effets anaboliques de l’insuline et de l’amyline pancréatiques. Mais après un certain temps d’évolution, les complications vasculaires expliquent probablement la faible masse osseuse et l’augmentation du risque fracturaire.

Dans la même étude, les femmes diabétiques de type 2 présentaient un risque de fracture de hanche multiplié par 1,7. La densité minérale osseuse est pourtant élevée chez ces patientes, et l’augmentation des fractures est principalement liée à celle du risque de chute.

Les stratégies d’amélioration de la densité minérale osseuse et de prévention des fractures ostéoporotiques chez les diabétiques de type 1 reposent sur un contrôle glycémique optimal et une prise en charge agressive des complications vasculaires. Les diabétiques de type 2 doivent bénéficier, pour leur part, d’un bilan visuel précoce, d’exercices réguliers pour améliorer la force musculaire et l’équilibre, et de mesures spécifiques de prévention des chutes.

L’évaluation clinique spécifique des effets osseux des nouveaux anti-diabétiques est nécessaire : la glitazone en effet améliore la sensibilité à l’insuline des diabétiques de type 2 et devrait avoir un impact osseux positif, mais les études de pharmacovigilance ont montré un doublement du risque fracturaire chez les femmes traitées.

Les pistes de recherche sur les relations entre l’ostéoporose et le diabète sont multiples : modèle animal associant les deux pathologies, analyse des voies de signalisation impliquées, mise en évidence des facteurs déterminant la mauvaise qualité de l’os chez le diabétique…

Dr Odile Biechler

Référence
Hofbauer LC : Clinical evidence for interaction between diabetes and bone. 36th European Symposium on Calcified Tissues (Vienne) : 23-27 mai 2009.

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