Nombre d’études relèvent des insuffisances dans le dépistage et la prise en charge de l’ostéoporose. S’agissant d’une pathologie pour laquelle les moyens d’agir ne manquent pas, on peut le déplorer, mais on peut aussi essayer d’en comprendre les raisons et tenter d’apporter des solutions.
Un bref état des lieux tout d’abord (1). Trois spécialités médicales se partagent le suivi des femmes ostéoporotiques : les rhumatologues, les généralistes et les gynécologues. Selon une étude effectuée sur la patientèle de ces médecins, les rhumatologues et les généralistes suivent des femmes plus âgées que les gynécologues, et qui ont plus souvent un ou des antécédents de fracture (56,0 % chez les rhumatologues, 52,4 % chez les généralistes versus 16,7 % chez les gynécologues). Le diagnostic d’ostéoporose est généralement posé sur la densitométrie osseuse (84,5 % des patientes) et le traitement institué diffère selon la spécialité.
Ce constat porte sur des patientes ayant un suivi régulier, mais nombreuses sont les femmes pour lesquelles la prise en charge de l’ostéoporose commence avec la première fracture, un moment privilégié pour sensibiliser les patientes à la nécessité d’un bilan. Densitométrie osseuse, bilan sanguin, évaluation des facteurs de risque tout cela « dans la foulée » de l’hospitalisation après fracture, c’est ce qui a été testé dans ce service hospitalier où ont été revues les patientes après fracture ostéoporotique (2). Un traitement est préconisé s’il s’avère nécessaire, c'est-à-dire une fois sur deux dans cette étude. Les auteurs concluent sur l’intérêt d’évaluer l’impact de ce type de prise en charge sur les pratiques des médecins traitants.
La nécessité d’impliquer les médecins traitants dans les filières de soins est aussi la conclusion d’une autre étude, effectuée sur 101 patientes admises aux urgences pour fracture du poignet (3). Cette étude permet de mieux cerner le parcours de soins. Une consultation rhumatologique était proposée à ces patientes en leur expliquant le lien possible entre leur fracture et l’ostéoporose. Quarante cinq femmes seulement se sont présentées à cette consultation. Les raisons invoquées par celles qui ne s’y sont pas rendues doivent être entendues : absence d'information donnée ou incompréhension des consignes (53 %), désintérêt (5 %), oubli et divers (6 %), prise en charge extra-hospitalière (36 %). Il s’avère toutefois que 45 % de ces femmes ont eu une densitométrie osseuse en ville et 55 % un traitement prescrit.
L’amélioration de la prise en charge de l’ostéoporose nécessite la sensibilisation de tous les acteurs concernés. Améliorer le dépistage, traiter avant la fracture, évaluer toutes les fracturées, expliquer la nécessité d’un suivi et du traitement, s’assurer de l’observance, autant de tâches nécessitant la participation et la coordination de tous les acteurs de santé.
Car n’oublions pas que la qualité de vie des femmes diminue dès la première fracture ostéoporotique.
Dr Roseline Péluchon