Où en est le diagnostic prénatal des génodermatoses ?

Le diagnostic prénatal des génodermatoses constitue l'une des avancées majeures de la dermatologie moderne.

J.A MacGrath du St Thomas Hospital de Londres a brossé le tableau des principaux progrès intervenus depuis 20 ans.

Schématiquement on peut distinguer trois étapes dans l'utilisation de techniques diagnostiques de plus en plus fiables et de plus en plus précoces.
Au début des années 80, on ne disposait que de la biopsie cutanée foetale pour dépister des génodermatoses chez des couples à risque. Cet examen phénotypique est particulièrement lourd, nécessite une foetoscopie et ne peut être réalisé qu'à partir du deuxième trimestre de la gestation. Il permet de faire le diagnostic de certaines affections dermatologiques d'origine génétique potentiellement mortelles comme des épidermolyses bulleuses dans les formes d'Hallopeau-Siemens et d'Herlitz.

Au cours des années 90, la mise en évidence des mutations génétiques en cause dans de très nombreuses affections dermatologiques a ouvert la voie à un diagnostic prénatal à la fois plus précoce et plus large. Il est ainsi possible, pour des affections pour lesquelles le gène responsable a pu être identifié, de rechercher la mutation sur l'ADN foetal grâce à une biopsie chorionique réalisée entre la 10ème et la 12ème semaine de gestation. Ce dépistage précoce concerne principalement différentes formes d'épidermolyse bulleuse, l'ichtyose lamellaire, l'érythrodermie ichthyosiforme congénitale bulleuse, le syndrome de Netherton, le syndrome de Sjögren-Larsson et les formes tyrosinases négatives de l'albinisme oculo-cutané.

Dans tous les cas, avant d'entreprendre un tel test, il est indispensable de disposer d'une étude génétique des deux parents et d'un premier enfant atteint. L'absence de concordance entre les gènes parentaux et ceux d'un enfant atteint devra faire prendre en considération la possibilité de mutations de novo, de disomie monoparentale, de mosaïcisme des lignées germinales ...ou plus simplement d'adultère.

Plus récemment, la combinaison de ces techniques de diagnostic génétiques et de celles de la procréation médicalement assistée a permis de développer dans certains centres très spécialisés le diagnostic préi-implantatoire (DPI). Celui-ci consiste à dépister l'anomalie génétique sur des embryons obtenus par fécondation in vitro et à n'implanter dans l'utérus que les embryons indemnes. L'intérêt psychologique du DPI est majeur pour les familles atteintes, puisqu'il permet d'éviter des avortements tardifs. Cependant, en raison de la lourdeur méthodologique de la technique, pour MacGrath il ne devrait pas remplacer rapidement le diagnostic prénatal du premier trimestre.

Dr Anastasia Roublev


MacGrath JA : "Prenatal diagnosis: current status and future prospect." Symposium: Genodermatoses, gene analysis and genetic counselling. Congrès Mondial de Dermatologie. Paris 1er juillet 2002. © Copyright Jim Online 2002.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article