L’intérêt de l’argent pour le traitement des plaies a été reconnu il y a fort longtemps et l’on se souvient que le nitrate d’argent fut longtemps employé dans cette indication. Les propriétés anti-infectieuses de ce métal on été mises en évidence au siècle dernier : elles ont été exploitées plus récemment dans la mise au point de pansement à l’argent plus particulièrement destinés à la prise en charge des plaies infectées ou à risque d’infection.
Il fallait tout de même montrer que ce que supposait la théorie se vérifiait bien dans la pratique. Une étude présentée au cours de ce congrès l’illustre bien. Il s’agit d’un essai randomisé en ouvert qui a inclus 102 patients présentant des ulcères de jambe veineux dont l’aspect suggérait une colonisation bactérienne (douleur, érythème péri-ulcéreux, œdème, mauvaise odeur, exsudat). Les ulcères évoluaient depuis une moyenne de 11 mois et avaient une surface moyenne de 20 ± 17,8 cm2.
Les patients ont été randomisés en deux groupes, les uns traités par un pansement lipo-colloïde à l’argent, les autres par un pansement lipo-colloïde neutre pendant 4 semaines. Puis pendant les 4 semaines suivantes, tous les malades recevaient le pansement neutre.
A la 4e semaine de suivi, la diminution de la surface de l’ulcère était de 4,2 cm2 et 1,1 cm2 dans les groupe « argent » et « neutre » respectivement (p=0,023) et à la 8e semaine de 5,9 cm2 contre 0,8 cm2 (p=0,002) respectivement, soit des réductions de surface de près de 50 % dans le groupe argent versus 5,6 % dans le groupe neutre. La vitesse de cicatrisation est donc restée nettement supérieure dans le premier groupe par rapport au second même après la 4e semaine. La chance d’obtenir une réduction de la surface de l’ulcère de 40 % est apparue 2,7 fois plus élevée en cas d’utilisation d’un pansement à l’argent (intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,1 à 6,7 ; p=0,038). Il n’y a pas eu de problème de tolérance dans aucun des deux groupes.
Le recours à un pansement lipo-colloïde libérant des sels d’argent pendant au moins 4 semaines semble donc bien susceptible de réduire les délais de cicatrisation des ulcères veineux à risque de colonisation bactérienne importante.
Dr Marie-Line Barbet
