Ouf, mon chirurgien est une femme !

Loin de nous l’idée d’enclencher une polémique, mais il nous faut tout de même signaler que, selon certains travaux, les femmes et les hommes pratiquent la médecine de façon différente. En particulier, les premières auraient une approche plus globale des patients et une tendance à respecter plus étroitement les recommandations. Une équipe canadienne a cherché à confirmer ce phénomène dans le domaine de la chirurgie, une discipline plutôt technique qui laisse sans doute moins de place à des différences entre femmes et hommes. 

Il s’agit d’une étude rétrospective incluant des patients bénéficiant d’une intervention chirurgicale réalisée par une femme (n = 774) et comparés à des patients de même sexe, de même âge et présentant les mêmes comorbidités, traités par un homme (n = 2540), pour la même intervention, dans le même hôpital.

Moins de complications avec les femmes…

Si le taux de complications (décès, réadmissions, complications dans les 30 jours) n’est pas très différent selon que le patient ait été opéré par une femme ou par un homme, force est de constater que la différence n’est est pas moins significative, confirmant que les complications sont un peu moins fréquentes pour les patients opérés par des femmes (11,1 % vs 11,6 % ; Odds Ratio [OR] 0,96 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,92 à 0,99). Ce résultat est en réalité la conséquence d’un risque de décès inférieur (OR 0,88 ; IC 0,79 à 0,99), les différences dans la durée du séjour hospitalier, les taux de réadmissions et de complications n’étant pas significatives.

Cette étude s’est toutefois heurtée à quelques difficultés, parmi lesquelles la nécessité d’évincer un nombre important de patients bénéficiant de procédures presque exclusivement pratiquées par des hommes, dans le domaine notamment de la neurochirurgie, la chirurgie orthopédique ou urologique. La différence de 4 % est certes minime et, pour les auteurs, ne devrait pas constituer la raison d’un choix préférentiel, mais plutôt servir de base à une réflexion pour l’amélioration des pratiques et une plus grande égalité femmes-hommes dans une discipline traditionnellement dominée par les hommes.

Dr Roseline Péluchon

Références
Wallis C.J.D. et coll. : Comparison of postoperative outcomes among patients
treated by male and female surgeons: a population
based matched cohort study.
BMJ 2017; 359: j4366.

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Vos réactions (7)

  • Une une idéologie impérative ?

    Le 17 octobre 2017

    Cet article est intéressant dans la mesure où il en dit plus long sur la façon dont il est traité en diffusion, que sur le sujet lui-même...
    On constate que le titre extrapole énormément la conclusion et même la déforme explicitement, pour un effet d'annonce qui n'est pas la marque d'un média sérieux...

    La conclusion est pourtant (relativement) prudente, expliquant qu'en fait, après toutes les précautions prises pour éviter les biais, on n'arrive à aucune conclusion réelle sur les mérites respectifs des hommes et des femmes en matière de chirurgie...alors pourquoi le "ouf!" du titre?
    Les contradictions se retrouvent même dans une seule phrase:
    " si le taux de complications .../... n'est pas très différent selon que le patient ait été opéré par une femme ou par un homme, force est de constater que la différence n’est est pas moins significative..." et plus loin:
    "les différences dans .../...les taux ../...de complications n'étant pas significatives..!
    avec un intertitre "chapeau" : "moins de complications avec les femmes"!
    Et 4% (au grand maximum) de différence permet-il vraiment de vouloir insister sur une différence de qualité? Que veut dire une meilleure "prise en charge globale" en chirurgie (et laquelle d'ailleurs?).
    Et le fait de "mieux suivre les recommandations", n'est pas forcément un gage de qualité... quoi qu'on en dise.. mais de formatage réussi à l'Evidence Based Medicine, fort contestée...par les scientifiques eux-mêmes!

    En fait, la présentation de cet article veut à tout prix en tirer des conclusions qualitatives sur l'intérêt d'être opéré par une femme, alors qu'apparemment, aucun argument probant, même statistique, ne vient confirmer cette assertion...
    "Evaluer, c’est mesurer l’écart qui sépare de la pensée unique normative"(Roland Gori, psychanalyste).

    Il est certain que l'entrée de plus en plus importante des femmes dans la profession chirurgicale est en train de modifier l'exercice avec des "plus" mais aussi des "moins" plus d'ailleurs liés à des questions de génération et de formation qu'à des critères de qualité pour le patient...mais, par exemple, le biais de l'âge des patients a été pris en compte, mais nullement le biais de l'âge des...chirurgien(ne)s!

    Essayer à tout prix de vouloir démontrer que l'entrée des femmes en chirurgie va élever le niveau de qualité de la profession, pour le plus grand bien des patients, relève non d'une véritable étude scientifique (impossible d'ailleurs, car l'exercice de la médecine ne se résume pas à son "efficience"), mais d'une idéologie impérative qui n'a aucun support réel...
    Les qualités pour faire un "bon" (ou bonne) chirurgien(ne) sont trop complexes pour pouvoir réduire le choix de son praticien à une question de sexe (apparent)...
    Bienvenue à nos collègues chirurgiennes, qui auront, comme les hommes, leurs qualités et leurs défauts, qui ne se résument pas à leur XX ou leur XY...

    Dr P. Devallet, chirurgien

  • Ciel, mon chirurgien est une chirurgienne !

    Le 17 octobre 2017

    Beaucoup de bruit pour rien, comme l'avait dit Shakespeare ! Mais c'est à la mode.

    En médecine, les points importants sont les bonnes indications, et les bonnes pratiques. On ne voit vraiment pas pourquoi se serait mieux géré par les unes que par les autres ? Donc l'honnêteté et le professionalisme des deux côtés: c'est toujours ainsi que je l'ai vécu à l'hôpital pour ma part !

    Dr Virgile Woringer

  • Chirurgie orthopédique, dites vous ?

    Le 17 octobre 2017

    Luxation de hanche en Finlande ! moi,pauvre médecin français je pêchais au lancer et j'ai fait le grand écart entre ma barque et un rocher où j'avais mis le pied ; résultat:luxation hanche droite.
    Grève des chirurgiens, comme chez nous pour une question X ou Y. Arrivé à l'hôpital de Tampere (2° ville de Finlande ) charmante chirurgien "Russe" avec délicieux accent russe, dire à moi : "si on arrive pas remettre en place,on ouvre !" - Heureusement assistée d'un malabar de 1m,90,120 kg minimum , ....réveil d'anesthésie. Tout remis en place...sans ouvrir...Ouf ! (hôpital "nickel",gentillesse exemplaire, ne parlons pas de l'amabilité ). Si ce n'avait pas été la douleur atroce jusqu'à l'arrivée de l'ambulance,ce serait un plaisir de se faire soigner là bas !).

    Dr Richard Guidez

  • Et l’indication?

    Le 18 octobre 2017

    Et l'indication ?
    Femmes et hommes chirurgiens posent ils les mêmes indications opératoires ? Opèrent ils la même proportion des deux sexes ? La ménopause des chirurgiennes a t-elle un impact sur leur façon d’opérer ? Un chirurgien doit-il traiter sa prostate avant une longue intervention ?
    Doit on vraiment s’intéresser à ce genre de statistiques alors qu’on manque de chirurgiens ?

    Dr Pierre Castaing

  • Chirurgie masculine, chirurgie féminine...

    Le 18 octobre 2017

    Il sera bien difficile de "comparer" les résultats sur la seule base du sexe de l'opérateur. Ces 30 dernières années les femmes se sont "emparées" de la chirurgie aussi, et les patients/tes ne sont plus du tout choqué(e)s. Il faut juste se souvenir qu'en moyenne, les hommes recherchent plus "l'exploit" (j'ai mis 18 minutes pour...), et les femmes davantage la sécurité (vérifier l'hémostase...).
    Dans les 2 sexes, une personnalité bien trempée est nécessaire. Pour moi, ancienne chirurgienne (à l'époque, c'était très rare...) qui ai eu beaucoup d'élèves, j'ai trouvé des chirurgiens et des chirurgiennes parfaitement remarquables, et quelques pas doués qui s'obstinent...quoiqu'on leur dise, et dans les 2 sexes.

    Dr Astrid Wilk

  • Un peu d'humour ne nuit pas (la réponse de la rédaction)

    Le 18 octobre 2017

    L'objectif de l'article était pourtant annoncé d'entrée. Il ne s'agissait pas de créer une polémique, mais plutôt de porter à la connaissance de nos lecteurs une étude parue dans le très sérieux British Medical Journal. Le thème de cette étude et ses résultats, somme toute loin d'être déshonorants pour l'un ou l'autre sexe, semblaient autoriser un brin d'humour, sinon dans le corps de l'article, du moins dans son titre.

    Que ceux qui se sont sentis blessés nous pardonnent, mais un peu d'humour ne nuit pas.

    Dr Roseline Péluchon

  • Humour ?

    Le 24 octobre 2017

    Bof.
    je n ai pas trouvé ça bien drôle.
    Je repense à l'article qui "démontrait" qu il valait mieux être réanimé par des hommes que par des femmes (étude suisse).
    Pas tellement drôle non plus.
    Mais qui ouvrait tout un champ de possibles : un homme /une femme ? un noir / un blanc ? un hétéro / un homo ? LR/REM ?
    Ainsi de suite ...quand on a du temps à perdre, et quelques vélos bien rouillés dans la tête.

    Dr Sophie Chodez

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