Oui, l’urticaire chronique auto-immune existe…

Un groupe de travail européen a été constitué en 2010 pour évaluer les données de la littérature sur l’urticaire auto-immune tant d’un point de vue clinique que biologique.

Les conclusions de ce travail viennent d’être publiées.

Des auto-anticorps fonctionnels dirigés contre le récepteur IgE de haute affinité (FceRI)  ont été identifiés mais il se pourrait que d’autres anticorps soient impliqués : anti-FceRII/CD23, anticorps anti-cellules endothéliales, IgE anti-thyropéroxydase.

La plupart des études ont été menées chez l’adulte. Ces mêmes anto-anticorps fonctionnels seraient cependant retrouvés dans l’urticaire chronique de l’enfant.

Selon le postulat révisé de Witebsky, il existe 3 types de preuves en faveur de l’origine auto-immune d’une maladie : directe par le transfert des anticorps pathogènes ou de cellules T, indirectes basées sur la reproduction de la maladie dans un modèle expérimental animal et preuve circonstancielle issue de la pratique clinique.

La seule preuve directe in vivo de l’existence de facteurs humoraux dans l’urticaire chronique est la positivité de tests intradermiques chez un volontaire sain avec le sérum d’un patient présentant une urticaire chronique alors que le test au sérum autologue chez le même volontaire sain est négatif.

De la même façon, des tests in vitro peuvent mettre en évidence la pathogénicité d’un auto-anticorps (libération d’histamine par les basophiles).

Il n’existe actuellement aucun modèle animal d’urticaire chronique, aucune preuve indirecte ne peut donc être obtenue.

Les preuves circonstancielles sont multiples : association avec d’autres pathologies auto-immunes, infiltration lymphocytaire des organes cibles, association statistique avec un haplotype CMH (complexe majeur d’histocompatibilité) particulier, réponse favorable aux immunosuppresseurs.

Même si les critères de Witebsky ne sont pas totalement remplis, le groupe de travail a estimé que l’existence d’une urticaire chronique auto-immune était suffisamment probante.

L’absence de phénotype caractéristique rend difficile l’identification clinique de l’urticaire chronique auto-immune.

Aucun test isolé ne peut affirmer le diagnostic. Le « gold standard » de l’urticaire auto-immune associerait la positivité d’un test biologique (test de libération histamine par les basophiles ou expression d’un marqueur de l’activation des basophiles), d’un test au sérum autologue et d’un test immunologique (IgG spécifiques contre le FceRIα et/ou anti-IgE). 

Dr Geneviève Démonet

Référence
Konstantinou GNet coll. : EAACI taskforce position paper: evidence for autoimmune urticaria and proposal for defining diagnostic criteria. Allergy 2013; 68: 27-36

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