AHA – Chicago. Les relations entre émotion, colère et mort subite avant d’être l’objet d’études scientifiques ont été le sujet de nombreuses descriptions littéraires qui concluaient souvent les romans du XIXe siècle, de Mme de Raynal s’effondrant devant la tête de son amant dans le Rouge et le Noir à Mr Bovary victime d’un arrêt cardiaque extrahospitalier après la mort de sa femme à l’ultime page du livre éponyme.
Les ressources de l’épidémiologie moderne jointes au progrès des défibrillateurs automatiques implantables permettent aujourd’hui de confirmer la validité de ces intuitions romanesques. 1 188 patients porteurs d’un tel dispositif ont été enrôlés dans une étude ayant permis de montrer que 7,5 % des chocs électriques pour tachycardie ou fibrillation ventriculaire sont délivrés dans l’heure qui suit un épisode de colère. Le risque relatif d’arythmies potentiellement mortelles dans l’heure qui suit une colère considérée comme modérée a pu être estimé à 3,2 tandis qu’au décours d’un épisode de colère qualifiée de « furieuse » , le risque serait multiplié par 16,7.
Compte tenu du mauvais pronostic associé à des chocs itératifs ainsi que des douleurs et des perturbations psychologiques induites par des défibrillations répétées, on ne peut que conseiller une prise en charge psycho-pharmacologique pour les porteurs de défibrillateurs particulièrement emportés.
Dr Céline Dupin