Paris, ce désert médical qui s’ignore

Paris, le lundi 14 février 2022 - Il suffit de se livrer à une petite expérience sur Doctolib ou Maia pour se rendre compte du phénomène. A Paris, il devient de plus en plus difficile de trouver un rendez-vous rapide chez un médecin généraliste. Au point même que plusieurs quartiers du nord de la capitale sont désormais considérés comme des zones déficitaires par l’Agence régionale de santé (ARS).

La situation est contre-intuitive. Densément peuplée et département réputé comme étant l’un des plus attractifs de France, la Ville lumière suit la même tendance que l’ensemble de la région francilienne qui est devenu le premier désert médical de France.

« On aurait pu croire que parce que Paris est une ville riche et dense qu’elle serait épargnée par ce problème, mais ce n’est pas le cas, au contraire », raconte à 20 Minutes Sylvie Courboulay, porte-parole de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS). Selon le dernier rapport de l’URPS, établi en 2021, Paris a perdu 181 médecins généralistes libéraux entre 2010 et 2020.

Deux arrondissements en « zone d’intervention prioritaire »

Pour l’ARS, la qualification de « zone d’intervention prioritaire » (ZIP) est la traduction juridique du « désert médical » autorisant l’allocation d’aides spécifiques à l’installation et au maintien de praticiens.

L’ARS classe en ZIP les quartiers où le nombre de consultations accessibles par an par habitant est inférieur à 2,5 consultations, lorsque tous les médecins de 65 ans et moins de cette zone sont pris en compte. En prenant en compte ces critères, le 18ème et le 19ème arrondissement sont désormais classés en ZIP.

Les baby-boomers bientôt à la retraite ?

Selon l’URPS, le phénomène risque encore de s’aggraver dans les années à venir. En effet, la moyenne d’âge de la profession est de 57 ans. 52 % des généralistes en exercice ont plus de 60 ans. Et même 33 % ont plus de 65 ans. De nombreux praticiens n’hésitent plus à retarder le départ à la retraite, souvent faute de pouvoir trouver un remplaçant.

Car si la capitale attire de nombreux étudiants chaque année, les prix de l’immobilier, la difficulté de trouver des locaux (et notamment des locaux aux normes ERP) et surtout les affres de la gestion d’une patientèle semblent repousser les jeunes médecins. Pour la porte-parole de l’URPS, Paris dégage une image de complexité « administrative et comptable ».

Des obstacles financiers

Travailler à Paris est-il rentable ? Pour Jean-Jacques Avrane, difficile de rester compétitif face à la province, alors même que le tarif de secteur 1 est le même sur l’ensemble du territoire. « Le tarif conventionné secteur 1, c’est 25 euros. Le tarif le moins cher d’Europe. Et ce tarif est le même à Troyes, à Limoges et à Paris. Sauf que les coûts ne sont pas les mêmes » déclare le président de l’Ordre parisien des médecins.

L’ARS constate toutefois que grâce à la mise en place de mesures d’incitation, le nombre de médecins généralistes est parvenu à connaitre une légère augmentation dans les arrondissements du nord de la capitale (alors que les autres arrondissements perdaient en moyenne 1 % de leurs effectifs).

C.H.

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Vos réactions (1)

  • Désert médicaux? dans les villes

    Le 20 février 2022

    Le phénomène est bien connu à Paris: la cherté des loyers rend difficile une installation si on ne possède pas déjà les locaux. Une chambre de bonne de 9m2 se loue à 1.000Euros...alors les cabinets médicaux..! Le problème du logement est critique à Paris depuis longtemps, et s'est aussi propagé en province: toutes les grandes villes ont maintenant des loyers élevés au centre et dans la proche périphérie. Nul doute que les choses vont empirer...

    Dr Astrid Wilk

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