En route vers l'éradication de l’hépatite C chronique

La voie de l’éradication de l’hépatite C chronique paraît toute tracée au vu des résultats obtenus dans les essais cliniques avec les thérapies sans interféron. Mais avant de penser à rayer le virus de la planète, il faudra être pragmatique et se demander comment financer le traitement de près de 200 millions de patients. Retour sur une journée riche en enseignements et en émotions…

C'est un sommet de classe mondiale qui a rassemblé à Paris 1.300 gastro-entérologues de plus de 80 pays sans oublier la présence de Charlie, inscrit de dernière minute… Au menu, les derniers progrès enregistrés avec ce qu'on appelle aujourd'hui les DAAs, l'acronyme pour "Direct-Acting Antiviral Drugs", ces nouveaux antiviraux qui agissent directement sur les enzymes nécessaires à la réplication virale, et leurs effets chez les patients avec des co-morbidités, les patients transplantés et les co-infectés VHC-VIH. Un débat aussi sur cette question interpellante: guérit-on complètement des maladies hépatiques liées à la présence du VHC?

Enfin, point d'orgue de la conférence, la communication de Bernard Kouchner, gastro-entérologue de formation, ex-Ministre de la Santé, fondateur de Médecins sans Frontières, Prix Nobel de la Paix 1999, plaidant pour une prise en charge de l'hépatite C au niveau planétaire par le Fonds mondial qui finance aujourd'hui la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.

Une (r) évolution thérapeutique

En moins de 5 ans, les « –vir » de première et deuxième génération (sofosbuvir, siméprévir, daclatasvir, et d'autres…) ont montré dans au moins une douzaine d'essais cliniques qu'il était désormais possible d'obtenir à 12 semaines, une réponse virale soutenue  (>90 %) indépendamment du génotype du virus (G1,2,3,4), de la présence ou non d'un polymorphisme IL28B, de l'âge du patient (>65 ans), de son poids corporel et d'autres caractéristiques démographiques ou cliniques (cirrhoses). C'est au point que certains parlent aujourd'hui de thérapies interferon-free pour se prémunir des effets secondaires parfois sévères.  Mais en pratique est-ce pour autant la fin de cette association? Ce n'est pas sûr du tout car aujourd'hui les DAA et l'interféron pégylé peuvent agir en synergie via des mécanismes différents et de plus, se glisse dans le débat, la composante économique attisée par les coûts importants de ces nouvelles médications, estimés entre 50 et 80.000 euros selon les pays et le traitement institué. Pour cette raison, une partie des sessions était consacrée aux associations DAA / interféron pégylé pour augmenter la RVS12 à près de 100% chez le plus grand nombre de patients. C'est aussi une façon de rendre plus abordable le traitement sur le plan des effets secondaires et sur le plan budgétaire.

100 % des patients guéris en 2015

C'est la conclusion du Pr Patrick Marcellin, organisateur de la conférence, "expliquant qu'en 2009 tout le monde pensait que guérir 100% des patients prendrait encore 10 ans. En 2012 lors de la 5ème édition de la conférence, le pronostic était à 3 ans et aujourd'hui c'est devenu une réalité".

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