Partir en voyage

Paris, le samedi 30 juillet 2016 – Il y a tous ceux qui pensent qu’ils « forment la jeunesse ». Il y a ceux qui les voient comme des exils vains ne permettant jamais de réellement s’échapper. Et il y a ceux qui ne peuvent s’offrir ce luxe, cet espoir. Le handicap a longtemps été un obstacle aux transhumances, aux promenades, aux séjours. Il l’est encore souvent. Le jeune garçon de 13 ans, personnage principal de Vouloir Voler premier roman de Martine Merlin-Dhaine publié chez Grasset semble condamné à demeurer sur son fauteuil roulant, dans le petit appartement où il vit avec sa mère. A cette première prison, il s’en est imposé une seconde : le silence depuis que son père a fui. Mais si l’ailleurs lui est interdit et qu’il ne peut que rêver de s’envoler à travers les images défilant sur son écran d’ordinateur, l’ailleurs va s’imposer chez lui. C’est la nouvelle fiancée de son oncle Tonio, Lola qui fait glisser cette promesse, avec son charme, le soleil de sa peau et ses parfums enivrants. La complicité et la délivrance qui vont naître du lien entre la jeune femme et l’adolescent vont enfin ouvrir la possibilité de tous les voyages, de tous les envols.

Vingt mille lieux sous les mers

Pour le poisson Dory, imaginé par les studios Pixar pour Disney, le voyage semblait une contre-indication. Son « trouble de la mémoire immédiate » comme elle a appris à le répéter depuis sa plus jeune enfance devrait la forcer à demeurer en place, à ne jamais s’éloigner. Pourtant, pour retrouver souvenirs et passé, elle brave tous les obstacles. Dans cette fable colorée pour enfants, mais qui ne déplaira pas aux plus âgés, le handicap apparaît le thème majeur. Outre Dory et son amnésie, on découvre en effet différents poissons et cétacés affublés de troubles : la cécité d’un requin, le sonar embrumé d’un beluga ou l’anxiété d’un poulpe. Tous vont devoir apprendre à dépasser cette condition, grâce souvent à l’union, en tentant d’échapper au regard des autres.

Une ville idéale

A la fin de ce nouveau film de Disney, Dory retrouve les siens. Mais comment se sent-on parfaitement chez soi lorsqu’on souffre d’un handicap et que sa maison a été aménagée tant bien que mal pour répondre à nos difficultés ? Pour éviter de se sentir chez soi comme en voyage, l’architecture doit s’emparer de cette question du handicap répond une exposition présentée cet été à Besançon. Elle présente en effet des réalisations du monde entier « qui aident à dépasser le handicap » en ne la considérant plus comme une variable d’ajustement, mais comme un point de départ à la conception. Une façon de rappeler que le point culminant du voyage est parfois le retour.

 

Roman : Vouloir voler, de Martine Merlin-Dhaine, Grasset, 160 pages, 16 euros
Cinéma : Le Monde de Dory, de Andrew Stanton et Angus MacLane, 22 juin 2016, 1h37
Exposition : Construire l’accessible : l’architecture face aux murs du handicap, jusqu’au 6 novembre 2016,  Fort Griffon, 25000 Besançon

Aurélie Haroche

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