Pas sur la bouche !

Paris, le samedi 15 décembre 2012 – Cela fait déjà plusieurs années que les apprentis secouristes le savent : pour espérer poser leurs lèvres sur celles d’une jolie fille, mieux vaut ne pas avoir un instructeur fin connaisseur de la littérature médicale. Car depuis quelques années, plusieurs travaux incitent à faire la fine bouche face à la ventilation par bouche-à-bouche (BAB). En 2007, notamment, le Lancet publiait l’étude SOS-KANTO visant à comparer l’efficacité d’une réanimation cardio-pulmonaire (RCP) classique, associant bouche à bouche et massage cardiaque externe (MCE), à un MCE seul. Les résultats étaient sans appel : non seulement le BAB ne semblait conférer aucun avantage en terme de survie, mais il paraissait également réduire les chances . Ainsi, parmi les sujets victimes de fibrillation ventriculaire, une augmentation de 90 % des chances de survie sans séquelles (passage de 11 à 19 %; p=0,041) était mise en évidence chez les bénéficiaires d’un simple massage cardiaque, par rapport à ceux chez lesquels une RCP classique avait été mise en œuvre !

L’Arizona, une pionnière

Fort de ces résultats, en 2008, l’American Heart Association (AHA) a modifié ses recommandations concernant la RCP et a invité à se passer du BAB chez l’adulte, sauf en cas de noyade et d’électrocution. L’Etat d’Arizona n’avait cependant pas attendu cette préconisation de l’AHA, ni même les résultats de l’étude SOS-KANTO pour adopter de telles guidelines. Depuis 2003, il est conseillé aux témoins d’un arrêt cardiaque de se contenter de pratiquer un massage cardiaque ! Une politique qui porte aujourd’hui ses fruits : selon des chiffres publiés dans le Journal of the American College of Cardiology, en Arizona, les chances de survie des victimes d’arrêt cardiaque sont passées de 18 à 34 % entre 2004 et 2010. Des résultats similaires pourraient être également retrouvés au Wisconsin et au Texas où des recommandations semblables ont été édictées.

Aurélie Haroche

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