
Berlin, le samedi 4 décembre 2021 – En Allemagne, les
personnes souhaitant obtenir une aide au suicide sont priées d’être
vaccinées contre la Covid-19 !
Peu à peu, l’Allemagne se convertit au passe vaccinal. Face à
une situation sanitaire de plus en plus dégradée (plus de 300 morts
par jour), de nombreux Lander ont décidé d’interdire l’accès aux
lieux publics aux personnes non-vaccinés, testés ou non. Les
Allemands adultes, ni vaccinés, ni guéris du Covid-19 ne peuvent
ainsi plus se rendre au café, au restaurant, au cinéma, à la salle
de sport etc. Si les non-vaccinés sont donc privés d’activité
culturels ou de loisir, d’autres passe-temps nettement moins
agréable leurs sont également interdits.
Mourir oui, mais vacciné !
L’association allemande pour l’euthanasie, qui aide des
Allemands à organiser leur fin de vie et à accéder au suicide
assisté, a ainsi publié un communiqué indiquant qu’elle n’aiderait
désormais que des personnes vaccinées. «
L’euthanasie et l’examen de la volonté libre et éclairé de nos
membres de mourir nécessite un contact humain et le contact humain
est le principal vecteur de contamination au coronavirus » peut-on
lire dans le communiqué.
L’association a également rajouté qu’un test serait demandé, y
compris aux vaccinés, avant les « rencontres en privé » (bel
euphémisme pour évoquer les préliminaires du suicide
assistée).
L’association justifie cette décision par la volonté de ne pas
mettre en danger son personnel. Car les médecins et bénévoles
travaillant pour l’association ne veulent pas mettre leur vie en
danger en aidant d’autres à y mettre fin. Si l’on comprend cette
justification, on ne peut que s’étonner (ou s’amuser ?) de la
situation paradoxale créée par cette décision : il faut se prémunir
de la mort naturelle pour avoir le droit de choisir sa mort. Les
Allemands ont donc un droit constitutionnel à mourir quand ils le
souhaitent…mais pas de la Covid-19.
Le passe vaccinal étant également demandé dans les commerces
non-essentiels, l’achat d’une corde ou d’une arme à feu semble tout
autant proscrit pour les non-vaccinés. Reste la défenestration, les
non-vaccinés n’étant pas (encore) confinés au rez-de-chaussée. Mais
peut être que le refus du vaccin est-il justement une sorte de
suicide particulièrement long et peu efficace.
La mort oui, mais la mort choisie !
Cette anecdote macabre est le résultat du télescopage de deux
débats de société contemporains. Touchée comme tous ses voisins par
l’épidémie de Covid-19 depuis le début 2020, l’Allemagne est
également traversée par un débat sur l’euthanasie, depuis que le
Tribunal Fédéral a décidé, le 26 février 2020, que le suicide
assisté était un droit constitutionnel.
Deux sujets parallèles qui interrogent sur la liberté des
individus vis-à-vis de leur propre santé et de leurs corps et qui
remettent en cause notre rapport à la mort. Et la société
occidentale semble avoir fait un choix en apparence paradoxal,
celui de juger que la vie doit être protégée à tout prix, y compris
par des restrictions de liberté sans précédent, mais aussi que la
mort est parfois préférable. La mort naturelle est refusée et
combattue, mais la mort choisie est acceptée et presque
célébrée.
Quentin Haroche