Petite histoire de la révolution échographique

Les appareils d’échographie ont subi en peu de temps une série de mutations techniques décisives: performances accrues en termes de résolution spatiale et temporelle, amélioration de la qualité des images, numérisation, mise au point d’algorithmes spécifiques, miniaturisation des appareils au point d’en faire des outils portables au lit du malade… ou à son domicile, facilité d’utilisation et coût de plus en plus abordable. Aucun effet nocif ne peut leur être imputé, puisqu’ils reposent sur l’utilisation des ultrasons. Par ailleurs, le coût des actes n’a rien à voir avec celui des autres techniques d’imagerie médicale, ce qui leur vaut d’avoir un rapport coût-efficacité favorable dans nombre d’indications.

De Pierre Curie à l'intelligence artificielle

Que de chemin accompli depuis la découverte de l’effet piézo-électrique par Pierre Curie en 1880 et l’invention du SONAR (Sound navigation and ranging) en 1915, suivie de celle du RADAR (Radio detection and ranging) en 1935 ! Les premières applications médicales datent certes des années 40, mais il faut attendre la multiplication des progrès techniques par vagues successives pour voir l’échographie-Doppler se généraliser et gagner bon nombre de spécialités pour in fine trouver sa place en médecine générale, devenue d’ailleurs une spécialité parmi d’autres avec l’internat qualifiant.

Divers modes de formation des images sont apparus au fil des ans. Les modes A (amplitude), B (brillance) et M (time motion), le Doppler couleur dans les années 70 et l’imagerie 3D dans les années 90, puis la 4D, sont autant d’étapes qui ont révolutionné la pratique de la cardiologie et de la médecine vasculaire à titre d’exemples (l’obstétrique, la gynécologie, la médecine d’urgence n’étant pas en reste).

La miniaturisation des dispositifs électroniques qui permet de fabriquer des échographes portables, voire ultraportables… de la taille d’un smartphone est, elle aussi, un moment décisif. Les machines sont ainsi arrivées au lit du malade et même à son domicile.

L’arrivée de la technique dite FAST (Focused assessment with sonography for trauma) élaborée aux États-Unis au milieu des années 90 a été, à cet égard, un pas de géant qui a provoqué un détour salutaire par les urgences et fait exploser le paradigme de l’échographie d’organe réalisée par un spécialiste hautement qualifié, cédant ainsi la place aux examens ciblés ouverts à tous les médecins formés, dans l’optique du POCUS (Point of care ultrasound).

C’est ainsi que l’échographie s’impose de plus en plus comme le prolongement de l’examen clinique, non pour étudier complètement un organe, mais pour répondre immédiatement de manière binaire (oui ou non) à une question bien définie dans l’esprit du clinicien, avec des références précises en termes de sensibilité et de spécificité qui relèvent des bonnes pratiques. Cette évolution qui confine à une révolution de la pratique médicale se poursuit avec l’avènement de l’intelligence artificielle qui devrait grandement faciliter la maîtrise et l’interprétation de l’échographie en médecine de premier recours. Cette phase de démocratisation de l’échographie est en cours.

Dr Philippe Tellier

Référence
Congrès d’échographie générale (Paris): 21-23 juin 2019.

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