Helsinki, 2 juillet 2006. Faut-il toujours poursuivre un
traitement anti-épileptique par crainte d’une récidive ou peut-on
choisir de l’arrêter notamment pour pallier ses effets secondaires
? Dans cette problématique, les attitudes sont diverses et
les recommandations très variables.
Deux études, aux conclusions quelque peu contradictoires, étayent
la position ambiguë des experts. Morten Lossius, du Centre National
Norvégien pour l’Epilepsie a ainsi effectué une étude prospective,
randomisée en double aveugle contre placebo auprès de 196 patients
épileptiques (dont 150 ont été retenus sur base de la qualité des
dossiers) bien contrôlés en monothérapie et sans comorbidité
majeure surajoutée. Il les a suivis durant 12 mois avec poursuite
de la monothérapie (n=73) ou arrêt progressif (20 % de la dose
journalière étant remplacée par un placebo tous les 15 jours pour
arriver au placebo complet après 12 semaines, n=77). Au terme de
l’étude, 10 patients du groupe placebo ont présenté une nouvelle
crise, contre 5 dans le groupe ayant poursuivi le traitement, la
différence n’étant pas significative (p=0,014). Par contre, la
batterie des tests neuropsychiatriques proposés a montré une
amélioration cognitive et psychologique significative, avec 29 %
d’amélioration dans le groupe placebo contre 12 % seulement dans le
groupe monothérapie (p=0,005).
Peut-on pour autant proposer systématiquement l’arrêt du traitement chez les épileptiques bien contrôlés ? Non, répond formellement le Pr Dieter Schmidt (Berlin) qui a suivi également de manière prospective 242 patients bien contrôlés auxquels un arrêt thérapeutique a été recommandé ; 120 d’entre eux ont accepté, dont 43, soit 36 % des patients ont présenté une récurrence ! Il a ensuite décidé de ne pas réinstaurer de traitement chez 32 de ces 43 patients. Par contre, chez les 11 patients pour lesquels la décision d’une réintroduction a été prise, il a observé 3 rémissions à 5 ans, les autres ne l’atteignant jamais (n=5) ou seulement après une très longue période. Quant à savoir si l’arrêt du traitement est responsable du caractère parfois réfractaire de l’épilepsie après réintroduction, il y a un gouffre dans lequel les auteurs n’ont pas souhaité s’engager…
Dr Dominique-Jean Bouilliez