Photosensibilisation systémique : ne pas confondre photoallergie et phototoxicité

Le sujet n’est pas confidentiel : la photosensibilisation systémique représenterait 8 % des effets indésirables des médicaments qu’il s’agisse de phototoxicité ou de photoallergie.

Dans les deux cas, la topographie est la même sur les zones exposées mais avec respect d’un triangle sous mentonnier, des régions sous narinaires et du fond des plis, ce qui fait la différence (dans le chapitre de l’allergologie) avec un eczéma aéroporté.  

Quand il s’agit de phototoxicité, l’éruption apparaît rapidement sans délai et ce sont plutôt les UVB qui sont en cause mais aussi un peu les UVA. Le phénomène est dose dépendant et peut s’observer même en hiver et sous les nuages, derrière une vitre. Tout le monde est touché. L’aspect est celui d’un coup de soleil exagéré bien limité. La disparition est rapide. Parfois il y a une hyperpigmentation, des tableaux de porphyrie, de pseudoporphyrie, de pellagre, des douleurs qui peuvent être la seule manifestation de la phototoxicité, une photoonycholyse.

La photoallergie répond à un mécanisme immunologique d’hypersensibilité retardée. Les UVA sont le plus souvent responsables. Une dose faible est suffisante. Cette fois cette manifestation ne concerne qu’un petit nombre d’individus. L’évolution est lente avec aggravation en 48/72 heures. L’aspect est celui d’un eczéma rarement celui d’une urticaire, parfois d’une réaction lichénoïde. L’éruption qui siège sur les zones exposées notamment zones d’extension peut déborder sur les régions couvertes. Elle peut persister à long terme et se transformer en dermatite actinique chronique.

De nombreux agents peuvent être responsables de l’une ou l’autre de ces deux types de photodermatoses et parfois des deux ; 393 coupables ont été identifiés dans une étude allemande….

Les médicaments du système nerveux sont les mieux placés dans la liste ainsi que les anti infectieux (voriconazole par exemple), et certaines des nouvelles immunothérapies anticancéreuses : vandetanib, vémurafenib…

Parmi les substances très phototoxiques on notera la pirfénidone qui peut donner des tableaux sévères nécessitant une corticothérapie générale, le bicalutamide, certaines plantes (céleri).

Côté allergie, on peut évoquer des réactions fréquentes aux AINS, aux phénothiazines. On peut signaler un cas avec la simvastatine, (non reproduite avec l’atorvastatine) et avec l’amoxicilline, ce qui est tout à fait inhabituel, mais il s’agissait d’un terrain particulier.

Devant ces tableaux on comprend que l’interrogatoire est essentiel ainsi que la recherche dans la littérature de cas semblables.

L’exploration photodermatologique n’est pas intéressante quand il s’agit de phototoxicité sauf lorsqu’il s’agit d’un nouveau médicament pour préciser le spectre des UV responsables. En cas de suspicion de photoallergie, l’exploration se fait, après arrêt du médicament, par des photopatchtests (avec le médicament suspecté et les autres médicament pris par le patient chronologiquement).

Si le photopatchtest est négatif, ce n’est malheureusement pas toujours significatif…

Dr Marie-Line Barbet

Référence
Averel Andran M : Photosensibilisation systémique. Session photoallergie et phototoxicité. 43e cours du GERDA, Anvers 6-7 octobre 2022

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