La dépendance à l’alcool concerne 14,6 millions d’adultes en Europe. Vingt pourcent d’entre eux sont diagnostiqués et parmi ceux-ci 10 % reçoivent un traitement. Le traitement classique de « l’alcoolisme » a pour pilier le dogme de l’abstinence totale et définitive. Cet objectif idéal, encore largement répandu dans l’esprit du public et des praticiens, est extrêmement difficile à atteindre pour les patients. Il pourrait être une des raisons de la réticence des sujets dépendant à avoir recours aux soins, particulièrement dans un continent où l’alcool tient une part importante dans la culture et la vie sociale.
Un objectif plus modeste et pragmatique de diminution importante de la consommation est associé à un risque moins important de rechute de consommation massive. De plus, pour des sujets buvant de façon excessive, toute réduction de la consommation est associée à une diminution de la mortalité liée à l’alcool (1) .
Le nouveau paradigme dans la prise en charge de la dépendance devrait donc comprendre l’adaptation des objectifs thérapeutiques aux désirs et capacités du patient. Cette stratégie, développée depuis quelques années, est plus efficace et a également le mérite d’associer d’avantage le patient à la prise de décision concernant son traitement.
Les traitements médicamenteux disponibles dans la dépendance à l’alcool sont aujourd’hui considérés comme des aides au maintien de l’abstinence. Le nalmefene, modulateur du système opioïde proche de la naltrexone, est le premier traitement ayant démontré son efficacité dans la potentialisation d’une stratégie de réduction de la consommation dans 2 essais contrôlés randomisés de phase III (2,3). Au total, 1322 patients ont étés inclus dans les deux études. A 6 mois, le groupe nalmefene avait présenté significativement moins de jours de consommation massive que le groupe placebo dans les 2 études disponibles. La réduction de consommation d’alcool n’était cependant pas significativement plus importante que dans le groupe placebo pour l’une des deux études.
Ces résultats, bien que contrastés, ont le mérite d’introduire un nouvel outil médicamenteux dans l’arsenal restreint de la prise en charge de la dépendance à l’alcool.
Dr Alexandre Haroche