Plus de kiné pour les bronchiolites ?

Les bronchiolites virales de l’enfant sont souvent bénignes. Aucun traitement médicamenteux n’a prouvé son efficacité sur l’intensité et la durée des signes cliniques. Les recommandations internationales sont limitées au traitement symptomatique, aspirations nasales, alimentation et oxygénation si nécessaire. La kinésithérapie traditionnelle, vibration, percussion et drainage postural n’a pas fait la preuve de son efficacité et n’est plus  recommandée. Les techniques d’augmentation passive du flux expiratoire pour mobiliser les sécrétions font partie, par consensus, du schéma thérapeutique en France mais leur impact  a été peu évalué.

Des pédiatres de Genève ont mené une étude prospective sur deux saisons de bronchiolites à virus respiratoire syncytial (VRS). Les enfants de moins d’un an hospitalisés, à l’exclusion de ceux avec une pathologie sous-jacente, ont tous bénéficié du traitement symptomatique. Des antibiotiques n’ont été administrés qu’en cas de suspicion d’infection bactérienne concomitante. La kinésithérapie a été appliquée ou non après tirage au sort par randomisation. Elle a consisté en une prolongation lente du flux expiratoire par pression thoracique et accélération de ce flux par pression d’intensité variable à différents volumes pulmonaires.

Au total, 99 nourrissons d’âge moyen 3,9 mois, ont eu soit une kinésithérapie (n=50) soit uniquement le traitement symptomatique (n=49), les paramètres cliniques d’admission étant comparables. Le temps moyen pour obtenir une amélioration clinique jugée grâce à un score portant sur l’alimentation, le sommeil et la SaO2  n’était pas significativement différent dans les 2 groupes : 2,9±2,1 jours vs 3,2±2,8 (P=0,45) de même que le rythme respiratoire. Cependant, le score respiratoire moyen associant rythme respiratoire, signes de rétraction et d’auscultation montrait une amélioration un peu plus rapide avec la kinésithérapie (P=0,044). Les complications de tous ordres traduisant la sévérité de la bronchiolite, globalement rares (n=19) étaient un peu moins fréquentes dans le groupe kinésithérapie (7 vs 12, P=0 ,21 NS). En conclusion, les nourrissons hospitalisés pour bronchiolite ne tirent pas un bénéfice évident de ce traitement.

Cette conclusion rejoint celle d’une étude multicentrique française (V Gajdos et coll. Journées Parisiennes de Pédiatrie 2009).

Pr Jean-Jacques Baudon

Référence
Rochat I et coll. : Chest physiotherapy using passive expiratory techniques does not reduce bronchiolitis severity: a randomized controlled trial. Eur J Pediatr 2012; 171: 457-62

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Vos réactions (5)

  • Un autre éclairage

    Le 14 mars 2012

    Pour information, le travail ci-joint dont je suis co-auteur peut apporter un éclairage différent.
    Phys. Biol. 8 (2011) 056006 (12pp) doi:10.1088/1478-3975/8/5/056006
    Toward the modeling of mucus draining
    from the human lung: role of the
    geometry of the airway tree
    Benjamin Mauroy1,2, Christian Fausser3, Dominique Pelca4,
    Jacques Merckx1 and Patrice Flaud1
    1 Laboratoire MSC, Universit´e Paris 7/CNRS, Paris, France
    2 Laboratoire J. A. Dieudonné, Universit´e de Nice Sophia-Antipolis/CNRS, Nice, France
    3 Masseur kin´esith´erapeute, CHU Bicˆetre, Master 2 Sciences de l’Education, vice pr´esident du r´eseau
    ARB ˆIle de France, France
    4 Masseur kinésithérapeute lib´eral, Master 2 Sciences de l’Education—doctorant, coordinateur r´eseau
    ARB ˆIle de France, France
    E-mail: benjamin.mauroy@unice.fr

  • Du vent

    Le 14 mars 2012

    Pour ma part, je m'en suis toujours sorti avec 2 bouffées de Ventoline et une chambre d'inhalation adaptée.
    La bronchiolite n'existe pas (...). Cet hiver, une fois de plus, les services de médecine du CHU le plus proche ont été saturés abusivement, jusqu'à garder des dizaines de gosses sur des brancards dans les couloirs ! Et on se moque des médecins du moyen âge, et de ceux de Molière... Que du vent, c'est le cas de le dire.

    Dr Michel Alessandri, Marignane

  • Titres trompeurs

    Le 15 mars 2012

    Titres trompeurs (article et étude):
    cette étude qui semble sérieuse ne prend pour base que les enfants hospitalisés à VRS positif, ce qui n'est annoncé ni dans le titre de l'article ni dans le titre de l'étude:
    Quid des 95% enfants victimes de "bronchiolites" (sens large: encombrement VAS et VAI)non hospitalisés, et qui semblent bénéficier de soins kinésithérapiques ?
    Quand à la notion de "pas de bénéfice évident" elle peut faire sourire quand on admet
    que le score respiratoire moyen montre une amélioration un peu plus rapide avec la kinésithérapie et que les complications de tous ordres sont un peu moins fréquentes dans le groupe kinésithérapie (7 vs 12, soit presque le double sans kiné, si je lis bien).
    Bref, moi je comprends que chez des enfants à VRS + et hospi, la kiné apporte un "petit" bénéfice et peut éviter des complications.
    Et que cette étude ne permet absolument pas de juger de l'efficacité de la kinésithérapie dans l'ensemble des cas d'encombrement assimilés bronchiolites.
    Quant à évoquer dans l'article les techniques de "clapping" et drainage inusitées, non recommandées et non enseignées depuis 20 ans, pourquoi ne pas évoquer aussi ventouses ou sangsues ?

    Thierry Delapierre

  • Qu'en est-il des enfants en ville ?

    Le 15 mars 2012

    Quand on dit dans l'étude "un peu moins important" on s'attend à un faible écart, or là l'écart est très important puisque d'un côté il y a 7 et de l'autre 12. Jusqu'à preuve du contraire cette différence est non négligeable. Si la volonté est d'exclure les kinésithérapeutes du champ opérationnel de la santé en France, il faut le dire tout de suite. Nous parlons ici d'enfants hospitalisés. Qu'en est-il des enfants en ville. Si la prise en charge n'est pas faite pour les bronchiolites en vile par les kiné surtout le week end, ce sont des déferlantes de bébé que vous verrez arriver aux urgences. Ce genre d'étude décrédibilise totalement l'action des kinés au profit de l'action purement médicale. Elle est belle la coopération...

    Laurent Rousseau

  • 5% des cas de bronchiolites hospitalisés

    Le 15 mars 2012

    Il est fort dommage que de nouveau on se base sur une étude faite sur les 5% des cas de bronchiolites hospitalisés et que ceci soit tranposé sur les 95% traités en milieu libéral par des kinésithérapêutes avertis.
    C. Fausser a fait un travail remarquable sur le désencombrement bronchique.

    Joël Leger, formateur en kinésithérapie respiratoire

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