PNEUMOCYSTOSE NEONATALE

Pneumocystose néonatale

Un cas d'infection néonatale à Pneumocystis carinii a été décrit par une équipe pédiatrique de Miami. Jusque là, d'après ces auteurs, les diagnostics les plus précoces avaient été posés entre trois et six mois de vie post-natale, le pronostic étant alors redoutable. L'enfant, un garçon né à terme d'une mère toxicomane (VIH-), pesait 2 770 g au moment de la naissance. La grossesse, non suivie, s'était déroulée sans problème et la poche des eaux rompue moins d'une heure avant la délivrance. Le liquide teinté, l'Apgar à 3 et 6 à 1 et 10 minutes ainsi que l'état clinique du bébé, très évocateurs d'une inhalation méconiale, ont conduit à sa prise charge immédiate par lavages-aspirations trachéobronchiques. Malgré ce traitement, une détresse respiratoire sévère s'est installée dès la première semaine de vie nécessitant une ventilation assistée avec des pressions élevées. Le manque d'amélioration clinique et la présence d'un infiltrat pulmonaire réfractaire à l'association ampicilline-gentamicine ont entraîné une enquête bactériologique. Ni bactérie, ni virus, ni champignon n'ont pu être mis en évidence dans les divers prélèvements (naso-pharyngés, trachéobronchiques, urinaires, sanguins). La sérologie syphilitique ainsi que la recherche de l'antigène HbC sont restées négatives. Seule la responsabilité du VIH a été mise en cause par les techniques sérologiques classiques sur un prélèvement sanguin fait à J5. Cette révélation de la séropositivité de l'enfant a fait aussitôt suspecter une infection à Pneumocystis carinii et un traitement a été mis en route sur le champ : Bactrim®-prednisone quotidiennement et immunoglobulines (1 fois par semaine), puis 14 jours de pentamidine. Le germe a en effet bel et bien été retrouvé sur une biopsie pulmonaire datant de J19. Vingt- deux mois plus tard, au moment où les auteurs publient cet article, le garçon est cliniquement en bonne santé moyennant du Bactrim®, 2 fois par semaine, des injections d'immunoglobulines 1 fois par mois et 2 courtes hospitalisations pour fièvre et pneumonie.

Un prélèvement sanguin a pu être fait aux parents peu de temps après la naissance avant qu'ils ne donnent plus aucun signe de vie. La sérologie maternelle est restée négative pour le VIH, le père étant, par contre, positif. Une virémie maternelle en fin de grossesse avant l'apparition des anticorps décelables reste la seule explication à la transmission materno-fœtale dans ce cas. Ainsi, toute détresse respiratoire sévère et inexpliquée dans un contexte à risque de VIH doit faire systématiquement envisager une infection à Pneumocystis carinii, dont on connaît la gravité.

Arlette Aminot

Beach R.S. et coll. : "Pneumocystis carinii pneumonia in a human immunodeficiency virus-1-infected neonate with meconium aspiration". Ped. Inf. Dis. J., 1991 ; 10 : 953-955.

AMINOT ARLETTE

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article