Polyarthrite rhumatoïde : un marqueur du risque vasculaire

Les anticorps anti-LDL oxydées (anti-oxLDL, ou aoxLDL) réagissent de manière croisée avec les anticorps anti-phospholipides et anti-endothélium du fait d'un épitope commun la lysophosphatidylcholine. Ils sont produits en réponse à l'oxydation des LDL. Ils pourraient constituer des marqueurs biologiques révélateurs de l'athérosclérose et même s'avérer protecteurs vis-à-vis de celle-ci. Ces remarques s'appliquent tout particulièrement à la polyarthrite rhumatoïde (PR) dont les complications athéromateuses sont aujourd'hui bien connues.

Une étude a inclus 42 malades atteints de ce rhumatisme inflammatoire (dont 37 femmes, âge moyen : 55,4 ans) et 22 témoins atteints d'une arthrose (âge : 57,3 ans). Les anticorps aoxLDL ont été systématiquement dosés (IgG, ELISA), tout autant que le LDL-cholestérol (LDL-C), le HDL-C, la CRP, la fraction C4 du complément et les anticorps anticardiolipine (aCL). D'autres informations, en partie cliniques, ont été recueillies : 1) ischémie cardiaque (ECG) ; 2) auscultation carotidienne et/ou Doppler carotidien ; 3) ischémie périphérique, mais aussi accidents vasculaires cérébraux et accidents ischémiques transitoires.

Dans le groupe témoin, la valeur médiane du taux des aoxLDL a été estimée à 360 ng/ml, ce qui a permis de constituer deux sous-groupes chez les malades atteints d'une PR, respectivement aoxLDL+ et aoxLDL-.
Les valeurs de ce paramètre varient considérablement d'un sujet à l'autre (263-3416 UI), mais les plus élevées concernent les malades atteints d'une PR avec atteinte systémique, notamment à type de vascularite. Les titres d'aCL sont également plus élevés (p=0,04) en cas de PR, particulièrement en cas d'atteinte extra-articulaire. Une corrélation négative (p=0,052) entre aoxLDL et aCL est mise en évidence, plus nettement (p=0,008) en cas de vascularite. En revanche, il n'existe aucune relation entre le cholestérol et ses diverses fractions. Dans le groupe aox-LDL+ où les événements cardio-vasculaires sont plus fréquents (32 %, p=0,03) au cours d'un suivi longitudinal de 3 mois, les anticorps aCL et aoxLDL atteignent des valeurs maximales au moment des accidents vasculaires pour décroître par la suite.

Au cours de la PR, les taux d'aoxLDL et d'aCL sont augmentés. Cette anomalie biologique semble s'associer aux complications cardio-vasculaires. D'autres études sont nécessaires pour préciser la signification exacte de cette association.

Dr Philippe Tellier

Damian LO et coll. : "Anti-oxidized low density lipoprotein antibodies, anticardiolipin antibodies and cardiovascular events in rheumatoid arthritis." EULAR, 18-21 juin 2003, Lisbonne.
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