Post Ebogui : [Re]vivre après Ebola en Guinée

Entre 2014 et 2016, l’épidémie d’Ebola en Guinée a touché 3 811 patients et a causé 2 536 décès. Le projet Post Ebogui a pour but de décrire et analyser les conséquences cliniques, immuno-virologiques, psychologiques et socio-anthropologiques de la maladie sur une durée de 24 mois après la sortie du Centre de Traitement Ebola. Post Ebogui présente ainsi plusieurs volets dont le suivi des patients après l’infection Ebola et la mise en place de projets de recherche sur les sujets contacts et sur les réservoirs. Tous les patients de plus d’un an avec un certificat de guérison (2 PCR négatives à 48 heures d’intervalle) ont été inclus (n = 802) et suivis à J0, M1, M3, puis tous les 3 mois jusqu’à M24. Le suivi comprenait un examen clinique (y compris ophtalmologique, psychiatrique et rhumatologique), une biologie standard et des examens virologiques (PCR sang, salive, lait maternel, sécrétions vaginales et sperme). Tous les patients bénéficiaient de la gratuité des transports et des soins. L’âge médian des participants était de 28 ans (dont 45 % étaient des hommes et 20 % des enfants). 74 % des patients étaient symptomatiques au diagnostic (douleurs abdominales [69 %], myalgies [39 %]). Il a été montré que les patients présentaient plus souvent une fatigue, des douleurs abdominales, des myalgies et des troubles oculaires à la phase aiguë comparativement à la phase post-aiguë. Les troubles psychiques étaient plus fréquents chez les enfants (jusqu’à 25 %). Une anémie était représente dans 23 % des cas. Le virus a été retrouvé dans le sperme jusqu’à 15 mois après la guérison. Sur le plan psychologique, 26 % des patients se sont sentis stigmatisés.

En conclusion, cette étude a permis de caractériser le syndrome post-Ebola et de montrer la persistance de signes cliniques après la phase aiguë, les conséquences psychologiques et la persistance du virus dans le sperme longtemps après la guérison. D’où l’importance de poursuivre la prise en charge après la phase aiguë de l’infection et de maintenir la surveillance. Cependant, les conclusions de cette étude sont limitées par le fait qu’il n’y a pas de cas contrôles (ce qui rend l’interprétation des signes cliniques difficile) et que tous les survivants n’ont pas été inclus. Néanmoins, de nombreuses données ont pu être colletées dans un contexte difficile de « post-urgence ».

Dr Muriel Macé

Références
S. Sow et le groupe d’études PostEboGui . La maladie a virus Ebola : Réservoir et Syndrome Post Ebola
11e Rencontres Nord-Sud (Paris) : 23 novembre 2017.

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