La république démocratique du Congo (RDC) a connu 7 épidémies de maladies à virus Ebola (MVE) entre 1976 et 2015. Au cours de ces épidémies, plusieurs problèmes ont été rapportés comme la difficulté d’atteindre les régions enclavées et de mener des activités de terrain en raison des distances à parcourir pour assurer le suivi des patients… Entre 2014 et 2016, l’épidémie d’Ebola en Guinée (Afrique de l’ouest) a touché 3 811 patients et a causé 2 536 décès. Cette épidémie a mis du temps à être limitée en raison d’insuffisances tant sur les plans nationaux qu’internationaux. En premier lieu, il y a eu un retard à la détection et à la notification des cas, une absence de leadership national permettant de coordonner les équipes d’intervention et une prise de conscience tardive de la part de la communauté. Au niveau international, la réponse a également été tardive, la coordination des interventions des différents partenaires par l’OMS a été inadéquate et le « statut d’événement de santé publique de portée internationale » a été tardivement annoncé.
La dernière épidémie en RDC a été plus rapidement limitée que celle survenue en Afrique de l’Ouest car la stratégie adoptée était basée sur une approche communautaire avec intervention d’équipes pluridisciplinaires (leader administratifs, politiques, relais communautaires et religieux). De plus, un dialogue important a été instauré avec la communauté. Les survivants de la maladie ont diffusé des messages de prévention et les médecins ont beaucoup dialogué avec les familles touchées.
Ces épidémies ont fait émerger de nouveaux défis. En particulier, la nécessité de leur détection précoce, la recherche de vaccins et de traitements efficaces, l’identification de la source de contamination des cas index, du vecteur et des réservoirs d’Ebola, la sécurisation du personnel soignant et, enfin, la prise en compte des aspects socio-culturels des différentes communautés.
En conclusion, pour que la lutte contre les épidémies soit efficace, il faut avoir un modèle de coopération internationale avec un renforcement du système de santé local (développement de la surveillance, investigation des épidémies, laboratoires performants, gestion des malades avec participation de la communauté) et une synergie d’action entre les différents intervenants.
Dr Muriel Macé