Dans les suites d'une intervention chirurgicale, par exemple orthopédique, la plupart des malades accuse des douleurs modérées, mais les enquêtes sur le sujet montrent qu'elles sont insuffisamment prises en compte. La douleur aiguë est particulièrement négligée, même actuellement, alors que les moyens analgésiques ne font pas défaut, comme par le passé. Une vaste étude réalisée dans les hôpitaux britanniques souligne que la douleur, qu'elle survienne en milieu médical ou chirurgical, se caractérise par : 1) sa permanence chez un tiers des malades ; 2) une demande de médicaments dans 40 % des cas ; 3) une attente non exprimée de ces médicaments chez un malade sur deux ; 4) son intensité en milieu chirurgical ; 5) sa grande fréquence en pédiatrie.
Le problème semble résider plus dans la façon de prendre en charge la douleur que dans le principe même du traitement qui n'est guère discutable. Le formalisme utilisé est important et les trop rares études publiées sur le sujet soulignent fortement ce point. C'est ainsi qu'il doit être possible de réduire les coûts inhérents à la douleur chirurgicale, en termes d'hospitalisations ou de consultations post-opératoires itératives. Une écoute attentive du patient et une prise en charge personnalisée de sa souffrance requièrent certes un peu de temps, mais in fine, cette approche s'avère bénéfique en termes de coût, même en chirurgie de jour. En effet, une enquête réalisée en France auprès de médecins généralistes, révèle que la douleur post-chirurgicale, reste un problème hautement significatif qui conduit à la multiplication des consultations ou des réadmissions.
Lombalgies, cervicalgies et douleurs articulaires, toutes chroniques constituent une autre dimension non moins préoccupante du problème car 20 % à 30 % des sujets âgés sont concernés et leur impact est considérable en termes de souffrance et de handicap. Les symptômes musculo-squelettiques sont ceux qui ont le plus de conséquences, au point d'affecter la qualité de vie de 80 % des malades qui en souffrent.
En termes financiers, ces symptômes chroniques coûtent des milliards d'euros et le problème ne peut que s'aggraver avec le vieillissement inexorable de la population mondiale.
Dr Philippe Tellier
Moore A.: "Burden of illness : the impact of pain and current pain management." Symposium: COX-2 inhibition-Blocking pain and cancer pathways. EULAR, 18-21 juin 2003 ; Lisbonne. © Copyright 2003 http://www.jim.fr