L’absorptiométrie biphotonique représente aujourd’hui l’outil diagnostique de référence dans l’ostéoporose, mais l’échographie quantitative suscite beaucoup d'intérêt car il s’agit d’une technique non irradiante et peu onéreuse, qui pourrait apporter des informations sur la masse osseuse mais aussi sur la qualité de l'os.
Une équipe britannique a comparé les performances de ces deux outils chez des sujets inclus dans une étude prospective sur le cancer. Les 1 454 participants (dont 701 hommes) avaient bénéficié d’une échographie quantitative du calcanéum et d’une absorptiométrie biphotonique aux rayons X (DXA) de la hanche entre 1995 et 1997. Ils étaient âgés de 65 à 76 ans à l’inclusion et ont été suivis en moyenne pendant 10 ans (soit 11 567 années-personnes) : 79 ont présenté une fracture incidente pendant cette période.
Dans un modèle de Cox multivarié, le risque relatif de fracture était égal à 2,28 pour une diminution d’une déviation standard de la densité minérale osseuse mesurée par DXA. Ce risque fracturaire était égal à 2,02 pour une diminution d’une déviation standard de l'atténuation des ultrasons à l’échographie. Différents modèles statistiques ont montré que les mesures d’ajustement du modèle (critères d’information de Bayesian et Akaike’s) favorisaient légèrement l’absorptiométrie, tandis que les mesures de discrimination (aire sous la courbe) et de calibration (test d’Hosmer-Lemeshow) attribuaient une supériorité relative à l’échographie.
A partir du modèle de Cox, les auteurs ont calculé la probabilité de fracture à 10 ans pour tous les participants et les ont classé en 3 groupes : <5 % ; entre 5 et 15 % ; ou > à 15 %. La comparaison des résultats obtenus avec les deux techniques a entraîné la reclassification de 24,9 % des participants, avec une valeur prédictive du risque par échographie plus proche des risques constatés, surtout dans le groupe le plus à risque.
L’étude montre que l’échographie et l’absorptiométrie présentent une puissance prédictive du risque fracturaire comparable chez le sujet âgé. Compte tenu de la facilité d’accès et du faible coût de l’échographie, il est possible de l’inclure parmi les nouveaux outils d’évaluation sous réserve d’une analyse plus poussée de son rapport coût-efficacité.
Dr Odile Biechler