Au cours d’une session dédiée à la préservation de la fertilité, la communication du Dr F. Lesourd (Toulouse) a porté sur la préservation du capital folliculaire chez les adolescentes exposées au risque d’insuffisance ovarienne prématurée, par anomalie génétique ou en raison d’un traitement ovariotoxique, et à ses difficultés pratiques.
Anomalies génétiques
Les données intéressant les anomalies génétiques, notamment le
syndrome de Turner, ont été exposées, montrant que grâce à une
prise en charge précoce, aux possibilités thérapeutiques (gain de
taille par traitement par hormone de croissance, induction
pubertaire à un âge permettant le développement des caractères
sexuels secondaires), les femmes ayant un syndrome de Turner ont
désormais une vie socio-professionnelle et affective comparable à
celles des femmes non atteintes, et le désir de grossesse s’inscrit
dans cette évolution et devient un motif fréquent de
consultation.
Le Dr F. Lesourd a mis l’accent sur les difficultés et les risques,
et a insisté sur le fait que les patientes atteinte d’un syndrome
de Turner ayant des ovaires fonctionnels à l’adolescence doivent
connaître leur risque d’insuffisance ovarienne prématurée afin de
ne pas retarder la mis en route d’une grossesse désirée. L’accent a
aussi été mis sur la nécessité d’informer clairement ces femmes sur
les risques pesant sur un fœtus issu de leurs propres ovocytes et
sur la possibilité d’un diagnostic anténatal : 30 à 40 % de ces
grossesses se soldent par une fausse couche liée à une anomalie
génétique, 10 % se compliquent de morts périnatales, et 20 à 30 %
sont grevées de malformations ou d’anomalies chromosomiques.
Dans ce contexte, certaines équipes déconseillent les grossesses
spontanées et orientent ces patientes plutôt vers le don
d’ovocytes, tandis que d’autres ne contre-indiquent pas ces
grossesses et proposent une cryoconservation de cortex ovariens,
d’ovocytes, voire d’embryons, si la patiente vit en couple, même en
l’absence de désir immédiat de grossesse.
Traitements ovariotoxiques
Les traitements ovariotoxiques, pour cancer dans l’enfance ou l’adolescence, sont une cause croissante d’indication de la préservation du capital ovarien et, selon les estimations citées, 1 adulte sur 715 sera, en 2010 aux États-Unis, un survivant d’un cancer survenu dans l’enfance ou l’adolescence.
Les effets ovariotoxiques des traitements anticancéreux varient en fonction de l’âge auquel ils sont administrés et sont d’autant plus marqués que la femme est plus âgée. Ils dépendent également de la pathologie et des produits reçus (chimiothérapie et/ou radiothérapie). Concernant la radiothérapie, les effets délétères ovariens sont plus marqués lorsque l’irradiation est abdomino-pelvienne et aboutissent à une ménopause précoce dans tous les cas d’irradiation corps entier précédant les greffes de moelle avant l’âge de 10 ans.
Le retentissement sur la fertilité des traitements anticancéreux est souvent relayé au second plan, derrière les préoccupations de survie. Pourtant, souligne le Dr F. Lesourd, la mise en œuvre des stratégies de préservation de la fertilité doit se faire avant le début du premier traitement potentiellement stérilisant.
Stratégies de préservation
Les différentes solutions pour préserver le capital ovarien ont été passées en revue : transposition des ovaires ,visant à les éloigner du champ d’irradiation et réduire la dose de radiation qu’ils reçoivent, d’efficacité variable ; protection pharmacologique du capital folliculaire par des agents anti-apoptotiques (rapportée chez l’animal, mais aucune étude humaine n’a été menée à ce jour) ; protection par les agonistes du GnRh (mais les résultats sont discordants et discutés) ; cryoconservation d’ovocytes matures, techniquement difficile, et aboutissant à un faible taux de survie des ovocytes à la décongélation ; cryoconservation du tissu ovarien, technique probablement la plus prometteuse, selon le Dr F. Lesourd, mais encore du domaine expérimental.
Dr Julie Perrot