Les malades souffrant de pathologies articulaires chroniques, surtout s’il s’agit d’arthrose, sont souvent à haut risque cardiovasculaire ne serait-ce que du fait de leur âge. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui sont régulièrement prescrits au long cours chez ces patients sont susceptibles d’accroître encore ce risque par divers mécanismes (rétention sodée et hypertension, réduction de la clearance de la créatinine…). Il serait donc intéressant de disposer d’un marqueur biologique fiable pour dépister parmi les sujets devant recevoir des AINS sur une longue durée, ceux qui présentent les risques cardiovasculaires les plus élevés.
C’est ce qu’ont tenté (avec succès), K Brune et coll. de Erlangen (Allemagne). Ils se sont basés sur un sous groupe de la vaste étude MEDAL qui comparait étoricoxib et diclofénac chez 23 504 patients présentant une arthrose ou une polyarthrite rhumatoïde (PR). Le peptide natriurétique atrial de type B N-terminal (NT-proBNP) a été dosé à l’entrée dans l’étude chez 6 273 de ces patients. Ceux-ci ont été suivis de manière prospective durant deux ans et les événements cardiovasculaires colligés. Il est apparu que ce taux de NT-proBNP était corrélé de façon étroite au pronostic cardiovasculaire. Ainsi, lorsque le quartile supérieur était comparé au quartile inférieur, le risque combiné de décès de cause cardiovasculaire, d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaire cérébral ou d’insuffisance cardiaque était multiplié par 4,4 (p<0,0001). De plus cette relation persistait après divers ajustements (par l’âge, le sexe, l’existence d’une hypertension, le type d’atteinte articulaire, l’IMC, les antécédents cardiovasculaires, le taux de CRP, etc…). De façon plus utilisable en pratique, les malades dont le taux de NT-proBNP était inférieur à 78 pg/ml avaient un risque à deux ans d’événements cardiaques défavorables inférieur à 1 %.
Le dosage du NT-proBNP pourrait donc, selon ces auteurs, être pratiqué en routine, avant de prescrire des AINS au long cours, pour identifier les malades à haut risque cardiovasculaire.
Dr Céline Dupin