Pendant les procédures classiques de fécondation in vitro, les embryons sont surveillés régulièrement au microscope. Cela permet de contrôler leur morphologie et de procéder à leur sélection. Cette observation, qui a lieu en dehors de l’incubateur, pourrait toutefois avoir des effets délétères sur le développement embryonnaire, par les changements d’environnement qu’elle implique : température, pH et osmolarité du milieu de culture, effets négatifs éventuels de la lumière du microscope.
C’est la raison pour laquelle certains auteurs ont émis l’hypothèse qu’il pourrait être pertinent d’éviter certains de ces contrôles. Une équipe espagnole a réalisé une étude randomisée en double aveugle, avec pour objectif de vérifier si l’absence d’observation de l’embryon à J2 - J3 augmentait les taux de grossesse. Les auteurs ont présenté les résultats préliminaires de cette étude, soit au total 130 procédures de fécondation in vitro, sur les 586 cycles prévus. Les résultats dès à présent disponibles concernent 63 procédures suivies de manière conventionnelle avec un contrôle à J2, J3 et J5, les 67 autres étant contrôlés seulement au stade de blastocystes.
Le nombre d’embryons atteignant le stade de blastocyste est sensiblement identique dans les 2 groupes (60,6 % dans le groupe témoin et 62,1 % dans l’autre groupe). Il n’apparaît pas non plus de différence significative dans le nombre d’embryons transférés (1,5 ± 0,5 dans le groupe témoin vs 1,4 ± 0,5). Quant au taux d’implantation, il est lui aussi le même dans les deux groupes : 47,4 % pour les embryons évalués à J2, J3 et J5 et 44,0 % pour ceux qui n’ont été évalués qu’au stade de blastocystes (p = 0,7). Finalement, le taux de grossesse évoluant jusqu’à la 28ème semaine est identique dans les 2 groupes, sans différence statistiquement significative (47,5 % dans le groupe témoin vs 43,1% dans le groupe sans contrôle).
A ce stade de l’étude, il apparaît donc qu’un contrôle des embryons à J5 donne les mêmes résultats cliniques que la procédure conventionnelle des contrôles à J2, J3 et J5. Selon les auteurs, cela laisse entrevoir la possibilité de réduire les coûts des procédures, mais autorise aussi à s’interroger sur la valeur prédictive des données morphologiques et celle des paramètres cinétiques des embryons au stade initial de leur développement.
Dr Roseline Péluchon
