Le mélanome peut se développer à partir d’une lésion précancéreuse en suivant plusieurs étapes dont chacune est désormais bien caractérisée sur le plan clinique et histologique et les besoins des cellules au cours de ces différents stades en facteurs de croissance, de protéines matricielles et d’expressions géniques ont été pour la plupart identifiés.
Pour proliférer, un mélanocyte doit suivre plusieurs étapes
:
- se découpler des kératinocytes (baisse des cadhérines E et de la
desmogléine)
- se diviser (intervention du bêta FGF, de l’ET3)
- migrer en se liant à la laminine, au collagène VII. En cas
de coup de soleil, la cellule attachée n’a que deux solutions :
mourir ou se transformer.
- se recoupler par l’extension de ses dendrites et s’accroître
(cadhérines E et P).
Dans les naevus, les mélanocytes ne sont plus sous le contrôle des
kératinocytes et croissent grâce aux facteurs de croissance
produits par les fibroblastes.
Dans les mélanomes, les mélanocytes se découplent et s’attachent
aux fibroblastes. L’hyper- prolifération est en partie médiée par
une mutation de la voie de la MAP-kinase. Certains nouveaux
médicaments interfèrent avec ces voies de prolifération mais les
premiers essais en mono-thérapie ne sont pas concluants.
Qu’en est-il des mélanomes se développant en l’absence de lésion précurseur ? L’hypothèse est émise que ces mélanomes renferment des sous populations de cellules qui ont des caractéristiques de cellules souches qui soit sont des dérivées des mélanocytes souches, soit se sont dédifférenciées lors du processus de transformation tumorale.
Où se trouvent les cellules souches mélanocytaires chez l’homme ? Quatre-vingts pour cent sont dans le derme, 30 % dans l’épiderme, 10 % dans la membrane basale (et dans les follicules pileux chez l’animal). Ces cellules très primitives sont dérivées de la crête neurale. Elles pourraient représenter un réservoir de mélanocytes pathologiques en cas d’anomalie de migration vers l’épiderme. Pour détruire définitivement une tumeur, il faudrait alors tuer toutes ces cellules souches. Ainsi, les futurs traitements devraient-ils comporter des molécules dirigées à la fois contre les mélanocytes tumoraux et les cellules souches.
Dr Clarence de Bélilovsky