Profil immunogénétique des cancers gynécologiques

De plus en plus, la responsabilité de l’antigène leucocytaire humain (HLA) est pointée du doigt dans la progression des cancers, notamment gynécologiques (sein, ovaire, col et corps utérin), et dans leur héritabilité partagée. Cet HLA est localisé sur le chromosome 6. Il interfère avec des protéines qui jouent un rôle essentiel dans l’immuno-protection. Les molécules de HLA classe I sont capables de signaler la destruction de cellules par les lymphocytes T CD8+ ; celles de classe II peuvent initier la production d’anticorps en libérant des cytokines de type interleukine-2.

HLA est la région la plus polymorphe du génome humain, la quasi-totalité de la variabilité étant située dans le site de liaison. La liaison HLA-antigène est une étape cruciale pour faciliter la réponse immunitaire à une agression par des oncoprotéines. Il est bien établi que la variabilité HLA est associée à la variation des résultats de la maladie, à la fois la susceptibilité au cancer et la réponse au traitement.

Une approche épidémiologique et immunogénétique

Utilisant une approche épidémiologique immunogénétique, des auteurs américains ont établi une liste de 127 allèles HLA de classe I et II, et évalué leurs effets vis-à-vis de la protection ou de la susceptibilité à certains cancers. Ils ont mis en évidence des groupes distincts suggérant des influences immunogénétiques partagées entre les cancers gynécologiques dans un groupe donné (sein et ovaire d’une part, col et corps utérin d’autre part), ce qui les a conduits à étudier les profils immunogénétiques de ces cancers.

Ils ont examiné la prévalence de ces cancers gynécologiques (KG) dans 14 pays d’Europe de l’Ouest

continentale, et divisé le nombre de chaque cancer dans chaque pays par la population totale dudit pays. Parmi les 844 allèles HLA (classes I et II) repérés, ils n’ont conservé que les 127 retrouvés dans au moins 9 pays. Le rapport protection/susceptibilité à un KG donné a été établi par une formule mathématique complexe, calculée pour les 4 KG et les 127 allèles (ayant chacun un coefficient différent) et permettant, selon la positivité ou la négativité du résultat, de dire si l’allèle a un effet protecteur ou de susceptibilité.

Par exemple l’allèle A01:01 s’avère protecteur pour les cancers du sein et de l’ovaire mais pourvoyeur de susceptibilité pour les cancers du col utérin et de l’endomètre. Tel est d’ailleurs le cas de la majorité des 127 allèles, et ceci a été confirmé par une analyse de regroupement hiérarchique et une analyse factorielle identifiant les groupements de cancers.

Les résultats ont documenté des profils immunogénétiques très similaires pour les cancers du sein et de l'ovaire, caractérisés principalement par des effets HLA protecteurs. De plus, des profils immunogénétiques très similaires ont été observés pour les cancers du col de l’utérus et de l’utérus, caractérisés à l’inverse par des effets de susceptibilité. 

Ces données suggèrent que certains cancers gynécologiques pourraient être associés à des facteurs contributifs similaires tels que les oncoprotéines ou les néo-antigènes (nouvelles protéines mutées qui permettent au système immunitaire de combattre les tumeurs).

Dr Jean-Fred Warlin

Référence
James LM, Georgopoulos AP. Immunogenetic Profiles and Associations of Breast, Cervical, Ovarian, and Uterine Cancers. Cancer Inform. 2023 Jan 16;22:11769351221148588. doi: 10.1177/11769351221148588.

Copyright © 2023 JIM SA. Tous droits réservés.

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article