L'incidence de la précocité pubertaire augmente de façon majeure ces dernières décennies. Les registres danois confirment une véritable "épidémie", et ce motif de consultation a été multiplié par 10 en quelques années au CHU de Montpellier. Plusieurs explications peuvent être avancées:
-mauvaises conditions socio-économiques ;
-tendance à l'augmentation de l'IMC dans l'enfance ;
-causes génétiques ;
-augmentation de l'utilisation des perturbateurs endocriniens qui
ont une activité oestrogénique périphérique et qui, outre leurs
effets sur les tissus cibles, semblent aussi stimuler la GnRH.
Cette précocité pubertaire est à prendre largement en compte car elle peut être responsable d'obésité, d’insulino résistance, de syndrome métabolique, de complications cardio-vasculaires, voire d'une augmentation de l'incidence du cancer du sein chez la femme jeune. Par ailleurs, l'impact psycho-social est démontré: baisse de l'estime de soi, sensibilité au stress, tendance à la dépression, vulnérabilité vis à vis des pairs, abaissement de l'âge de consommation de tabac ou de drogues, et démarrage plus précoce de la vie sexuelle. Une étude toulousaine a en effet montré que 72 % des filles ayant eu une puberté précoce ont des relations sexuelles à l'âge de 14 ans. Ces relations sexuelles sont souvent accompagnées de comportement à risque: absence de contraception, partenaires plus nombreux et/ou plus âgés, et absence de prévention des MST. On assiste donc aujourd'hui à une nouvelle pathologie de l'adolescence, voire même de l'enfance, qui, associée à une immaturité psychologique et émotionnelle, pousse vers une rupture avec sa famille et favorise l'entrée dans la délinquance. Cette "hypersexualisation" de l'enfance accompagne la tendance sociétale qui va dans le même sens, mais notre rôle de médecins est d'en alerter les politiques pour que des mesures préventives et de prise en charge puissent être envisagées.
Dr Catherine Azoulay
