
D’autres études ont évalué les disparités en santé. Ainsi, un travail portant sur le cancer de l’ovaire a montré que le même Affordable Care Act a permis un diagnostic de cancer de l’ovaire plus précoce chez nombre de femmes, diagnostic précoce leur permettant un traitement plus précoce (généralement dans les 30 jours qui suivent le diagnostic)(2). « Détecter et traiter le cancer de l'ovaire à un stade précoce sauve des vies et réduit les coûts des soins de santé par rapport au traitement du cancer à un stade plus avancé et incurable » a insisté Anna Jo Smith, gynécologue au Johns Hopkins de Baltimore et auteure principale de l'étude. « Avoir une assurance maladie joue un rôle majeur dans le fait qu'une femme ait ou non accès à des prestataires de soins qui peuvent surveiller les symptômes et agir sur ces symptômes si nécessaire. »
Enfin, une étude présentée par Kamel Chamoun a analysé les données de la National Cancer Database qui regroupe près de 70 % des patients souffrant d’un cancer aux États-Unis et sélectionné les patients souffrant d’un myélome (soit 117 926 personnes dont le diagnostic a été posé entre 2005 et 2014). Cette affection a été choisie car elle ne nécessite que des traitements par voie orale (3). « Or, les prix des médicaments oraux contre le cancer ont rapidement augmenté, en particulier pour les patients et les survivants de myélome multiple, majorant ainsi le risque d’une disparité de traitement pour les personnes aux revenus inférieurs », remarquent les auteurs qui ont constaté ensuite que lorsque les patients reçoivent le traitement dans un centre tertiaire*, ils ont une probabilité de survie de 49 % plus élevée.
Par ailleurs, les personnes vivant dans une zone où les revenus moyens dépassent 46 000 USD par an ont une probabilité 16 % plus élevée de survivre tandis que les personnes ayant une assurance privée ont une probabilité de survie de 59 % plus élevée que celles qui étaient assurées par Medicaid et 62 % plus élevée que celles qui n’avaient pas d’assurance. Enfin, le score de morbidité compte également, au même titre que la distance séparant les malades de leur institution de soins.
Toutes ces données concernent les États-Unis bien sûr, mais nombre de ces constatations sont applicables en Europe et dans notre pays. Une leçon pour nos politiciens ?
Dr Dominique-Jean Bouilliez