Il est une situation où le dermatologue est en première ligne
pour dépister un cancer, c’est celle où la dermatose à laquelle il
est confronté est évocatrice -de manière plus ou moins évidente- de
l’existence d’une néoplasie sous-jacente.
Cette dermatose, qualifiée de « paranéoplasique » peut être
suffisamment typique pour conduire à la recherche systématique d’un
cancer et, en l’absence de découverte de celui-ci, à une
surveillance prolongée. Il s’agit alors d’une dermatose
paranéoplasique (DPN) « vraie ».
Parmi ces DPN vraies, on peut citer :
- l'acrokératose paranéoplasique de Basex se manifestant par une hyperkératose palmo-plantaire avec épaississement unguéal, et des lésions croûteuses au niveau du pavillon de l'oreille associé à un cancer ORL dans 100 % des cas,
- l’érythème nécrolytique migrateur, lié dans 90 % des cas à un glucagonome,
- le pemphigus paranéoplasique très polymorphe sur le plan cutané et s’accompagnant de lésions muqueuses importantes qui doit faire rechercher une hémopathie maligne associée (85 % des cas)
- et enfin l’erythema gyratum repens associé dans 84 % des cas
à un cancer du poumon, du sein, de l’œsophage.
Le mécanisme d’apparition de ces DPN est mystérieux. On
suppose qu’il fait intervenir la sécrétion de facteurs de
croissance par la tumeur elle-même. Quoi qu’il en soit, l’évolution
de la DPN suit généralement celle de la néoplasie : résolution dans
la phase de rémission tumorale, récidive en cas de rechute. La
présence d’une DPN est cependant plutôt le témoin d’un cancer
évolué.
Le syndrome de Sweet peut être lié à une hémopathie sous
jacente mais aussi à des pathologies inflammatoires (polyarthrite
rhumatoïde, MICI). De même le pyoderma gangrenosum peut être
associé à une gammapathie monoclonale.
Enfin, des associations ont été décrites entre cancer et
certaines manifestations cutanées. Mais elles semblent
essentiellement fortuites. Il en est ainsi pour xérose, ichtyose,
érythrodermie et prurit ou encore multiples verrues séborrhéiques,
autrement dit le signe de Leser Trelat.
Quoi qu’il en soit, il faut rester prudent et ne pas hésiter à
demander un bilan surtout si des signes d’appel et une dégradation
concomitante de l’état général chez un sujet âgé sont
constatés.
Dr Marie-Line Barbet