
Le SDRA est une affection courante en USI. Avec la diminution de la mortalité liée à l’amélioration des soins, l’intérêt pour les résultats à long terme augmente. Ils ont été étudiés dans cette large cohorte de survivants de SDRA.
Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) concerne environ 10 % des patients des unités de soins intensifs (USI). Les survivants du SDRA présentent souvent une qualité de vie liée à la santé (QVLS) réduite de manière persistante, des déficiences cognitives et physiques, une santé mentale diminuée, ainsi que de faibles taux de retour au travail. Toutefois, les données issues d'études prospectives à long terme sont rares et limitées dans le temps du suivi.
Qualité de vie, retour au travail et psychopathologie
Afin d'approfondir la compréhension des résultats à long terme chez les survivants à un SDRA, cette étude fournit une description complète des trajectoires à trois ans de ces patients, en étudiant plusieurs résultats à long terme dans une grande cohorte de survivants du SDRA en Allemagne. Elle a été menée auprès de 877 survivants du SDRA (âge moyen 53,9 ans, 2/3 hommes, 56,9 % niveau d’éducation intermédiaire ou plus).
La qualité de vie liée à la santé (Physical and Mental Component Scale : PCS, MCS du SF-12), le retour au travail, le trouble panique, les symptômes dépressifs (questionnaire PHQ-D) et l'état de stress post-traumatique (questionnaire PTSS-14) ont été évalués 3, 6, 12, 24 et 36 mois après la sortie de l'unité de soins intensifs.
La récupération a principalement lieu au cours des 12 premiers mois
Les PCS, MCS et retour au travail (RtW) ont augmenté au cours des 12 premiers mois : PCS : Md = 36 [IQR 31-43] à 3 mois vs Md = 42 [34-52] à 12 mois ; MCS : Md = 44 [32-54] à 3 mois vs Md = 47 [33-57] à 12 mois ; RtW = 23,2 % à 3 mois vs 54,5 % à 12 mois. Ils sont restés relativement stables par la suite. La proportion de patients souffrant de syndrome dépressif majeur a diminué entre 3 mois après la sortie et 36 mois (14,2 % vs 8,9 %). Les taux de trouble panique et de stress post-traumatique n'ont que légèrement variés sur la même période : de 5,3 % à 7,4 %, et de 27,1 % à 32,6 %, respectivement.
Passée cette "première année critique", un plateau est atteint qui indiquerait une chronicisation de l’état de certains patients. Nombre d’entre eux atteignent un niveau relativement élevé de qualité de vie liée à la santé. Les proportions de symptômes psychologiques sont restées relativement stables tout au long de la période d'étude, à l'exception des symptômes de dépression majeure, qui ont diminué de façon constante. D'autres études prospectives de cohortes à long terme sont nécessaires, afin d'accroître la généralisation de ces résultats.
Parmi les points forts de cette étude, citons le large échantillon de patients provenant de diverses unités de soins intensifs, avec une période de suivi de 3 ans. Toutefois, ce travail présente plusieurs limites. Tout d'abord, les pertes de suivi (non-réponse) concernent environ un tiers des patients et la taille de l'échantillon après 36 mois (n = 202) était réduite d'environ 56 % par rapport à la cohorte 3 mois après la sortie de l'USI. De plus, en ce qui concerne le taux de retour au travail, en raison de l'âge avancé de cette population, il est possible que certains participants n'aient pas repris le travail pour des raisons de retraite (l'âge moyen de la retraite en Allemagne entre 2014 et 2019 était de 64 ans).
Dr Bernard-Alex Gaüzère