L’ostéoporose et les maladies cardio-vasculaires sont-elles vraiment unies par un même processus physiopathologique? Une tendance se fait jour actuellement qui suggère que les deux processus pourraient en effet être intimement liés.
Deux études apportent un nouvel éclairage.
L’une concerne 197 patientes, hospitalisées pour bilan d’ostéoporose (1). Les résultats des densitométries osseuses donnent 92 femmes réellement ostéoporotiques, 72 ostéopéniques et 33 avec une DMO normale. Une HTA est bien retrouvée chez 32 % des femmes ostéoporotiques, alors que seulement 20 % des femmes ostéopéniques et 20 % des femmes à DMO normales sont hypertendues. Mais en y regardant de plus près, l’on constate que les femmes ostéoporotiques sont plus âgées, ce qui est en soit un facteur de risque cardio-vasculaire (66 ans en moyenne versus 60 et 54 pour les ostéopéniques et les DMO normales respectivement). Notons aussi que parmi les ostéoporotiques se trouvent 15 % de diabétiques, contre 11 % chez les ostéopéniques et 9 % chez les DMO normales.
Si l’ostéoporose est incontestablement associée dans cette étude à des facteurs de risque cardio-vasculaire, les auteurs reconnaissent qu’il n’existe aucune preuve formelle de l’existence d’un lien physiopathologique entre les différents symptômes. D’autant que dans cette même cohorte, un accident cardio-vasculaire est survenu dans 15 % des cas d’ostéopénie, 8 % des cas avec DMO normale, et … 4 % des cas d’ostéoporose.
Le débat n’est donc pas clos. Pour preuve cette deuxième étude qui se donne pour objet de rechercher un lien entre l’épaisseur intima-média (EIM) et la DMO (2). Pour cela 72 patientes ménopausées ont été incluses et soumises à une évaluation de leur risque cardio-vasculaire, un bilan biologique comprenant les facteurs de remodelage osseux et un bilan lipidique, une ostéodensitométrie et une échographie des artères carotidiennes et fémorales. Les auteurs concluent à l’existence d’une corrélation significative entre l’EIM de la carotide et la DMO au niveau fémoral total (r= -0,33 ; p< 0,05) et au niveau des différents sites fémoraux, mais pas de relation avec la DMO lombaire. Ils ne retrouvent non plus aucun lien entre l’EIM de l’artère fémorale et la DMO.
Ces deux études confirment l’association fréquente de l’ostéoporose et des maladies cardio-vasculaires chez une même patiente. Cependant l’existence d’un lien physiopathologique les unissant reste encore à démontrer.
Dr Roseline Péluchon
