L'objectif était d'évaluer l'impact sur la survie d'un régime
FOLFIRINOX modifié (à savoir sans bolus initial de 5-FU et pour les
derniers 2/3 des malades inclus une dose légèrement réduite
d'irinotecan) par rapport à la classique gemcitabine. Ce régime
modifié est considéré comme aussi efficace et moins toxique que le
FOLFIRINOX classique.
Les traitements ont été administrés pendant 6 mois dans les
deux bras. Le critère principal était la survie sans maladie (DFS)
à 3 ans définie comme l'absence de récurrence ou de métastase, de
second cancer ou de décès quelle qu'en soit la cause.
Dans le cadre d'un suivi médian de 33,6 mois, il a été
documenté 21,4% de DFS à 3 ans chez les 246 patients du bras
gemcitabine versus 39,7% chez les 247 patients du bras
FOLFIRINOX modifié avec des médianes de DFS respectives de 12,8
mois et 21,6 mois (HR 0,58 ; IC 95% 0,46–0,73 ; p<0,0001).
La supériorité du régime FOLFIRINOX modifié sur la gemcitabine
concerne tous les sous-groupes prédéfinis évalués.
Sont également à mettre au crédit du bras FOLFIRINOX modifié
une augmentation de 41% de la médiane de survie sans métastase
(30,4 mois versus 17,7 mois) et de 37% de la survie
spécifique, ainsi qu'une médiane de survie globale de 54,4 mois
versus 35,0 mois dans le bras gemcitabine.
En termes de tolérance et de sécurité d'emploi, le régime
FOLFIRINOX modifié donne clairement plus de diarrhées (18,6% de
grade 3 ou 4), notamment lors de la première cure puis diminution
progressive avec la poursuite du traitement. Présence également de
cas de neuropathies périphériques, de fatigue, de mucites et de
syndromes mains-pieds.
Pour sa part, la gemcitabine donne plus de thrombopénies de
grade 3-4, plus de céphalées et de syndromes pseudo-grippaux.
Il y a eu deux fois plus d'arrêts de traitement pour toxicité
dans le bras FOLFIRINOX modifié que dans le bras gemcitabine (8,8%
versus 4,5%), mais pas de décès toxique versus 1 dans
le bras gemcitabine.
Selon cette étude, le FOLFIRINOX modifié apparaît comme le
meilleur traitement adjuvant après résection d'un cancer du
pancréas chez les sujets en bon état général. Bien que plus toxique
que la gemcitabine, ce régime est assez bien supporté et les effets
indésirables les plus fréquents sont gérables sans trop de
problème.
Dr Jean-Claude Lemaire