Quelles avancées sur la maladie de Kawasaki ?

Les connaissances sur la maladie de Kawasaki (MK) ont progressé ces dernières années, même si des zones d’ombre demeurent.

Si la MK reste rare en dehors du Japon, sa fréquence a augmenté partout dans le Monde. Aux USA, son incidence annuelle varie, selon l’ethnie, de 0,9 à 3,2 cas/10 000 enfants < 5ans.

Ses lésions artérielles sont bien décrites. Elles vont de l’infiltration sous-endothéliale par des monocytes et des lymphocytes T CD8+, à la destruction de la média aboutissant à des anévrismes et à des remaniements vasculaires (intima épaissie, et média amincie et fibreuse)

On la conçoit actuellement comme une vascularite immunologique, déclenchée par des bactéries ou des virus, chez des sujets génétiquement prédisposés. La liste des agents infectieux incriminés s’est enrichie des souches de streptocoques A et de staphylocoques dorés productrices de « super-antigènes » (des toxines qui se fixent directement sur les lymphocytes T exprimant le récepteur TCR) et de quelques virus. De nombreux polymorphismes ont été identifiés dans des gènes codant pour l’enzyme de conversion de l’angiotensine, le VEGF, le TNF-α, etc, mais il manque la preuve de leur retentissement sur l’activité des gènes. Un modèle murin de coronarite permettra peut-être de progresser.

On ne dispose toujours pas d’un test diagnostique fiable. Les critères cliniques comprennent de la fièvre pendant ≥ 5 jours, et au moins 4 des signes suivants : hyperhémie conjonctivale, chéilite+glossite (langue « framboisée »), érythème +oedèmes des extrémités évoluant vers la desquamation, éruption polymorphe, adénopathies cervicales. Le syndrome inflammatoire est intense. Des anévrismes coronariens peuvent se constituer en une dizaine de jours.
Il existe, surtout avant 1 an, des formes incomplètes, où la fièvre ne s’accompagne que de 2 ou 3 autres signes. Elles comportent le même risque coronarien. L’échocardiographie précoce peut orienter vers une MK quand elle détecte des anomalies des artères coronaires (hyperéchogénicité, dilatation), un dysfonctionnement du ventricule gauche, une lame de péricardite. D’où la règle de demander une échocardiographie chez tout nourrisson fébrile depuis plus d’une semaine, sans cause évidente, mais avec un syndrome inflammatoire.

Les Immunoglobulines G polyvalentes (une perfusion IV de 2g/kg, en 10 heures) et l’aspirine (à dose anti-inflammatoire puis anti-agrégante) ont modifié l’évolution.
La fièvre tombe habituellement en 24-48 heures. Chez les « non-répondeurs », il faut refaire une dose d’IgG, avant d’envisager une corticothérapie ou un traitement par l’infliximab.
Anévrismes et thromboses coronariens sont moins fréquents qu’autrefois. Les anévrismes coronariens compliquent moins de 5 % des MK, et régressent en moins de 2 ans plus souvent qu’ils ne persistent, se sténosent ou se rompent. Ils nécessitent une surveillance régulière en cardiopédiatrie, et un traitement antiagrégant et, éventuellement anticoagulant, par une antivitamine K.

A long terme, se pose la question d’un lien entre MK et athérosclérose accélérée. Certaines études ont trouvé des anomalies lipidiques, une altération de la fonction endothéliale, ou une diminution de la réserve myocardique, qui vont dans ce sens.

Dr Jean-Marc Retbi

Référence
D’après la communication de Gournay V et coll. : « Avancées récentes concernant la maladie de Kawasaki : étiologie, physiopathologie, thérapeutique, devenir et suivi à long terme ». Journées Parisiennes de Pédiatrie (Paris) : 6-7 octobre 2007.  

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article