Quelles clés pour une meilleure adhésion thérapeutique ?

L’efficacité d’un traitement dépend essentiellement de son observance ; dans l’ostéoporose (OP) notamment, celle-ci est médiocre. Que peut-on retenir sur les critères de l’adhésion thérapeutique dans l’OP ?

Dans une étude épidémiologique observationnelle transversale (1), 785 patientes dont l’OP avait été diagnostiquée sur une DMO basse (77,3 %) et/ou une fracture liée à l’OP (39 %), ont été interrogées sur la prise d’un traitement anti-OP. Les traitements (bisphosphonates, ranélate de strontium, SERM, THS ou PTH) étaient administrés depuis moins de 6 mois, avec 28,6 % en prise quotidienne, 42,8 % en prise hebdomadaire et 28,7 % en prise mensuelle. Au total, 65,5 % des patientes étaient observantes (score= 4 au questionnaire de Morisky-Green), et les patientes ayant un traitement mensuel l’étaient plus que les autres : 78,8 % versus 60,6 % en prise hebdomadaire et 57,5 % en prise quotidienne (p ≤ 0,001). De même, la satisfaction était plus importante en cas de prise mensuelle : 69 % versus 57,1 % et 59,1 %.

Une analyse sur 2 990 patientes (2) a comparé l’adhésion sur un an à un traitement par bisphosphonate oral mensuel (n = 1 001) ou hebdomadaire (n = 1 989). Prés de quarante huit pour cent des patientes traitées par la forme mensuelle versus 30,5 % chez celles sous forme hebdomadaire (p < 0,0001) ont pris leur traitement pendant un an. L’observance (rapport entre temps cumulé de traitement et durée totale de l’observation) était également meilleure avec la forme mensuelle : 84,5 % versus 79,5 % (p < 0,001). La prise mensuelle retarde significativement l’arrêt du traitement. D’autre part, la réalisation d’une DMO avant le traitement, ainsi que la survenue d’une fracture, participent aussi à une meilleure observance.

Lorsque le traitement anti-OP est prescrit au décours d’une hospitalisation pour fracture vertébrale ou sacrée, l’adhésion semble bien meilleure comme le montre une enquête (3) menée sur 43 patients (86 % de femmes). Après 16,7 mois en moyenne, le taux de persistance d’un traitement était de 86 %. Le type de fracture (fracture vertébrale clinique ayant motivé une hospitalisation et non pas une fracture radiologique asymptomatique) explique probablement en partie cette bonne adhésion. A souligner également que le fait d’être suivi par un rhumatologue (dans la moitié des cas environ ici) et non uniquement par un médecin généraliste était significativement prédictif de la poursuite du traitement (p = 0,01).

Enfin, lorsque le traitement anti-OP est instauré par une filière de soins dédiée (4), il semble là aussi que l’observance est améliorée : 80 % des patientes le poursuivaient à un an et 67,7 % après 27,4 ± 11,7 mois de suivi.

L’adhésion thérapeutique dans l’OP dépend donc étroitement de la fréquence d’administration du traitement. D’autres éléments peuvent aussi l’améliorer : l’instauration dans le cadre d’une filière de soins dédiée et une meilleure sensibilisation du médecin à la pathologie.

Dr Caroline Moisand

Références
(1) Cortet B et coll. : Etude de l’observance et de la satisfaction au traitement anti-ostéoporotique de patientes traitées depuis moins de 6 mois.

(2) Roux C et coll. : Adhésion aux traitements par biphosphonate : comparaison des formes hebdomadaire et mensuelle.

(3) Leydet-Quilici H et coll. : Enquête sur les prescriptions et l’adhésion thérapeutique après hospitalisation pour fracture vertébrale ostéoporotique.

(4) Boudou L et coll. : Evaluation de l’adhésion au traitement de l’ostéoporose instauré dans le cadre d’une filière de soins interservices dédiée.

21e Congrès Français de Rhumatologie (Paris) : 14-17 décembre 2008.

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