Questions d’actualités à propos du sevrage tabagique

A Milan, les débats autour du sevrage tabagique et de la cigarette électronique ont été assez vifs entre les tabacologues partisans d’une attitude pragmatique vis-à-vis de la e-cigarette et ceux résolument opposés à lui accorder une place dans l’aide au sevrage, voire dans la discussion (1). Les arguments des « anti » reposent sur le principe de précaution et la faible efficacité de la e-cigarette dans le sevrage.

Concernant le profil de sécurité, les effets du vapotage à court terme apparaissent insuffisamment documentés : il sera difficile et long de connaître l’effet de chaque substance entrant dans la composition des liquides utilisés. Par ailleurs, certaines études d’innocuité sont effectuées avec des liquides froids. L’absence de données à long terme sur les cigarettes électroniques a été par ailleurs soulignée. De plus, la cigarette électronique donne de moins bons résultats sur l’abstinence à moyen terme qu’une substitution par nicotine trans-cutanée ou que le Bupropion ou que les 2 ensembles. Pour les tabacologues plus conciliants vis-à-vis de la cigarette électronique, certaines études animales démontrant une toxicité de produit du vapotage ne sont pas pertinentes car elles ont été réalisées dans des conditions expérimentales ne correspondant pas à l’usage de la e-cigarette. Surtout, il faut éviter une attitude trop dogmatique alors que seulement 5 % des sujets tabagiques consultent un médecin pour arrêter de fumer. Ce dernier chiffre est issu d’une analyse de l’Eurobarometer for Tabacco Survey. Ces données concernant des sujets fumeurs en 2012 (n = 9 921) et en 2014 (n = 9 959) ont fait l’objet d’une affiche scientifique distinguée dans le cadre du best ERS poster Abstract (2).

Quels moyens de sevrage ?

Les modalités de sevrage du tabac ont été recueillies par questionnaires à l’adresse des sujets fumeurs ayant fait une tentative d’arrêt ou de sujets anciens fumeurs. Les moyens de sevrage et les données socio-démographiques ont été comparés par régression logistique.

Les résultats montrent que le sevrage du tabac sans assistance d’aucune sorte diminue entre 2012 et 2014 de 70,3 % à 65,3 %. L’utilisation de substituts nicotiniques décroit également (de 14,6 % à 12,2 %), de même que le recours aux professionnels et aux structures de santé spécialisés dans ce domaine (de 6,7 à 5,0 %).

Les jeunes adultes et les sujets ayant un budget « serré » recourent davantage à des cigarettes électroniques (odds ratio ajusté [Oda] = 4,12 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 3,23 à 5,27) alors qu’ils consultent moins souvent un professionnel de santé (Oda = 0,39 ; IC95 de 0,27 à 0,56). Alors que de nouveaux dispositifs de consommation de nicotine sont en développement, l’union des professionnels de santé contre le tabac est plus que jamais nécessaire.

Dr B. Jourdain

Références
(1) Symposium : “What Works in Smoking Cessation and in Smoking Prevention”.
(2) Vardavas C et coll. : SMOKING CESSATION IN EUROPE : trends in methods using the European Union between 2012 and 2014.
European Respiratory Society International Congress (Milan) : 9-13 septembre 2017.

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