
Paris, le samedi 5 novembre 2016 – Les salles obscures et les pages des journaux regorgent d’histoires d’hommes et de femmes étant parvenus malgré l’innommable de la maladie, de la mort ou d’un accident à donner un sens à leur épreuve. Il faut souvent une force de caractère hors du commun, fréquemment insoupçonnée par l’être qui la déploie avant d’avoir été soumis aux rudoiements indicibles de la vie. Stephen Strange s’ignorait altruiste. Stephen Strange était arrogant, égocentrique et brillant. Un neurochirurgien méprisant les services d’urgences et choisissant avec soin les cas à opérer, pour ne pas gâcher son talent. Un terrible accident de voiture le prive de ses deux mains. Dans sa quête d’une guérison, son épreuve va prendre un autre sens. Sa destinée est totalement transformée par sa rencontre avec un « Ancien » du Népal, qui va lui faire découvrir d’autres perceptions de la réalité, d’autres sens. Qu’importe que cette destinée soit celle d’un super héros, le personnage porté par Benedict Cumberbatch, son parcours et sa renaissance valent bien qu’on s’y intéresse.
Retrouver
C’est également une rencontre avec un « guérisseur » qui est au centre de l’Attrape-rêves, drame franco-canadien de Claudia Llosa. Dans ce film hanté par la beauté blanche des paysages du grand nord, le spectateur accompagne une journaliste française (Mélanie Laurent) et un jeune homme (Cillian Murphy) à la recherche d’une guérisseuse. Ils ne sont pas malades, mais le jeune homme souffre depuis l’enfance du départ de sa mère, devenue loin de lui une guérisseuse. Cette dernière, Nana Kunning (Jennifer Connelly) l’a abandonnée, incapable de continuer sa route sans pouvoir donner un sens à l’impensable, la maladie et la souffrance incurables de son fils cadet. Des années plus tard, l’enfant aîné, qui ne l’a jamais oubliée, tente de renouer les fils de cette histoire familiale.
Réparer
Le docteur Strange et Nana Kunning semblent mus par le désir de réparer le monde de ses injustices et de ses souffrances avec égoïsme d’abord, guidés uniquement par leur intérêt propre, puis avec un élargissement imprévu sur l’ensemble du monde. Or, Réparer les vivants suit ce même chemin, qui conduit une famille, privée de son être le plus cher, de son centre, à s’ouvrir à l’inconnu, aux autres, pour tenter, si non de donner un sens à l’infernale tragédie, tout au moins de mettre un baume sur les douleurs. Le beau film de Katell Quillévéré, inspiré du roman très remarqué de Maylis de Kerangal, est une œuvre singulière et rare sur le don d’organes, qui illustre tout à la fois ses aspects médicaux et techniques et ses dimensions mystique et intime.
Cinéma :
Docteur Strange, Scott Derrickson, 26 octobre, 1h55
L’attrape-rêves, de Claudia Llosa, 26 octobre, 1h33
Réparer les vivants, de Katell Quillévéré, 2 novembre,
1h43
Aurélie Haroche