La médecine alternative (MA), souvent issue de pratiques séculaires, regroupe des pratiques hétérogènes telles que la phytothérapie, la nutrithérapie, le tai chi, l’acupuncture, l’hypnose etc.
De nombreux malades font appel à la MA. La tendance semble d’ailleurs s’accentuer comme en témoignent la multiplication des produits « naturels » en vente libre dans les pharmacies, le nombre croissant d’enseignes proposant des aliments naturels ou encore la publicité de plus en plus présente vantant les vertus de telle ou telle thérapie alternative.
Une équipe marocaine a souhaité évaluer au travers de 2 études transversales l’importance du recours à la médecine alternative chez des malades souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR) établie et de spondylarthrite ankylosante (SPA).
Dans la première étude, 140 sujets atteints de PR certaine ont été évalués ; 70 % d’entre eux ont rapporté avoir recours à la MA et il s’agissait, dans 88 % des cas, de femmes. Le plus souvent (72 % des cas), le traitement consistait en l’ingestion d’un mélange de plantes et moins souvent (40 % des cas) en l’application de produits topiques.
Dans 58 % des cas, le patient entretenait un espoir de guérison quand 38 % n’espéraient qu’un soulagement des symptômes.
Cependant, 88 % de ces utilisateurs de la MA ne s’avouaient pas comme tels à leur rhumatologue.
Les facteurs prédictifs du recours à la MA étaient le niveau d’instruction élevé (p=0,001) et une activité professionnelle (p=0,024).
La seconde étude a été menée chez 50 malades atteints de SPA dont 68 % étaient sous AINS et 22 % sous anti-TNF. Par ailleurs 72 % d’entre eux signalaient faire appel à la MA : ingestion d’un mélange de plantes (76 %), produits en application locale (68 %), acupuncture et bains de sable (40 %) et saignées (32 %).
Pour 40 % de ces patients, le but était d’obtenir une guérison de leur maladie et 72 % n’informaient pas leur rhumatologue de la prise de MA.
Le seul facteur prédictif d’un recours à la MA était un niveau d’instruction élevé (p=0,03).
Ces études révèlent que la MA est très utilisée chez les malades atteints de rhumatisme inflammatoire. Il est du devoir du rhumatologue d’interroger le malade pour mettre à jour ce recours à la MA, le plus souvent non avoué, et qui n’est pas forcément sans danger comme l’a souligné à plusieurs reprises l’OMS.
Dr Juliette Lasoudris Laloux